Le salon Intralogistics s'est tenu durant la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL). L'occasion de présenter des exosquelettes ainsi que des robots autonomes et mobiles, conçus pour limiter la pénibilité du port de charge tout en gagnant en productivité.
Le recul de l’âge de la retraite pose le problème du maintien dans l’emploi des salariés vieillissants. Cette question intéresse de près le secteur du transport et de la logistique, où les salariés ont en moyenne plus de 40 ans. Or, avec la reprise économique et la progression continue du e-commerce, les préparateurs de commandes, caristes et autres opérateurs en charge des palettes sont confrontés à des cadences de plus en plus élevées et des contraintes plus dures en termes de gestes répétitifs et de port de charges. La question de la pénibilité dans les entrepôts fait d’ailleurs partie des solutions présentées par les exposants qui étaient présents sur le salon Intralogistics Europe, dédié aux équipements de manutention pour l’industrie et la distribution. Cet événement s’est tenu durant la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL) du 20 au 23 mars à Paris Nord Villepinte et a attiré quelque 24 000 visiteurs – dont des professionnels de l’entreposage et du stockage non frigorifique.
Une hausse de 5,5% des accidents du travail
Ce secteur rassemble quelque 78 000 salariés, dont plus de la moitié âgés de 45 ans et plus. La fréquence des accidents du travail y est particulièrement élevée. Pour 2016, l’indice culmine à 74,7 contre 33,8 pour l’ensemble des salariés, selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Sur les 5 849 accidents du travail survenus en 2016 (en hausse de 5,5% par rapport à 2015), 71% concernaient des manutentions manuelles et 35% des lésions se situaient au niveau du dos. Or, les lombalgies coûtent cher aux entreprises. La durée moyenne des arrêts atteint en effet 55 jours en cas d’accident du travail et 340 jours en maladie professionnelle. Dans un contexte où le nombre de colis augmente chaque année, il devient urgent pour les employeurs de remédier à la pénibilité des postes. C’est du moins ce qu’ont entrepris les grands logisticiens qui testent actuellement des solutions innovantes telles que des ergosquelettes pour maintenir les bonnes postures et des exosquelettes pour soulager l’opérateur. À l’instar de la solution Picker présentée par le Français Fox Innovation Robots sur son stand du SITL.
Un exosquelette de 4 kg pour 22 kg de charge
La jeune entreprise créée à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) se pose comme un intégrateur de solutions d’assistance aux opérateurs pour le secteur du Retail et de la logistique. Elle propose des équipements fabriqués en France à la fois design et faciles à utiliser par les opérateurs dont l’exosquelette Picker, dédié aux métiers de la logistique. « Notre équipement délivre à l’opérateur une assistance au soulèvement qui croît à mesure qu’il lève sa charge », indique Pierre Davezac, le PDG d’Exhauss, l’entreprise qui conçoit et développe Picker. Mû mécaniquement et avec des vérins à gaz, cet exosquelette collaboratif fait encore l’objet d’améliorations. Le modèle final, qui sera commercialisé sous peu, pèsera moins de 4,4 kg pour 22 kg de capacité de charge.
Effidence mise sur la fusion de données
Pour limiter la pénibilité des tâches tout en gagnant en productivité, de plus en plus d’entreprises portent leur regard vers les solutions de robotisation des entrepôts. Parmi lesquelles, citons EffiBOT, un robot de manutention prêt à l’emploi. Conçu et développé par Effidence, une entreprise basée à Romagnat dans le Puy-de-Dôme, cet assistant autonome a pour particularité de suivre automatiquement l’opérateur durant sa préparation de commande. Compact (1,2 m x 0,6 m), il est équipé de quatre roues motrices et transporte des charges allant jusqu’à 300 kg. Il a d’ailleurs été testé dans un entrepôt de DHL outre-Atlantique et dans une gare de la SNCF. Le robot embarque un système de navigation autonome capable de reconnaître et de suivre une personne en détectant ses jambes. Différents capteurs l’aident à s’orienter, tels que des lasers fixes ou à balayage, un GPS, des caméras, ou encore des ultrasons. Un algorithme prend alors le relais afin de récolter et traiter simultanément les données générées par les capteurs. Grâce à ce système, le robot est capable de reconnaître les objets et personnes qui l’entourent afin de définir ses trajectoires… et d’éviter un heurt sur le quai d’une gare de triage ou dans un entrepôt.
© Effidence
Des robots au fonctionnement sécurisé pour l’homme
Présenté sur le stand du distributeur HMI-MBS, le robot MiR de l’entreprise danoise éponyme est conçu pour soulever jusqu’à 200 kilos et tracter des charges sur un convoi pesant jusqu’à 500 kilos. Autonome, il navigue selon des cartes créées dans son logiciel ou des parcours préenregistrés. Cette capacité peut être comparée à une voiture avec un GPS et une sélection d’itinéraires préalablement répertoriés. Lorsque l’on renseigne le trajet entre son domicile et son travail, il calcule le circuit le plus court par rapport aux positions sur la carte, c’est de cette façon que le robot MiR fonctionne avec les emplacements où il doit enlever et déposer les pièces. A l’instar de l’EffiBOT, il utilise les données transmises par les caméras, les capteurs et les lasers, ce qui lui permet de surveiller son environnement et de choisir le parcours le plus efficace pour atteindre sa destination. Il travaille en totale autonomie et si un convoyeur, une palette, une personne ou tout autre obstacle se trouve sur son passage, il sait manœuvrer en toute sécurité pour l’éviter en recalculant son trajet. De quoi optimiser sa productivité, tout en s’assurant que les flux de matériels restent programmés.
10 heures d’autonomie
Autre point fort : son autonomie. Le robot MiR peut travailler pendant 10 heures ou parcourir 20 km. Il peut aussi être équipé d’une seconde batterie pour plus d’autonomie. Capable d’évoluer en salle blanche et de répondre aux exigences de sécurité relatives à la décharge électrostatique, il intéresse différentes applications dans la logistique, l’hôpital, la pharmacie, etc. Il faut savoir, en outre, que ce robot autonome et mobile est conçu pour travailler à proximité des opérateurs. Une fois déchargé, il se rend de lui-même au dock de chargement. Pour éviter tout risque d’accident, sa vitesse de déplacement en marche avant est peu élevée. « Elle est de l’ordre de 1,5 m/s (5,4 km/h) en marche avant et en arrière de 0,3 m/s (1 km/h) », rapporte Fernando Fandiño Oliver, responsable commercial pour le sud de l’Europe et le Brésil chez MiR. En France, ses robots sont vendus depuis un an. « Ils peuvent être achetés chez l’un de nos distributeurs, Sysaxes ou HMi-MBS », indique le responsable des ventes de MiR, qui a triplé son chiffre d’affaires entre 2016 et 2017 pour atteindre 10 millions d’euros l’an dernier.
© MiR
Trophée de la meilleure innovation intralogistique
Parmi les autres robots présentés la semaine dernière, citons enfin le Skypod du lillois Exotec Solutions, qui a reçu le trophée 2018 de la meilleure innovation intralogistique. L’entreprise réalise des systèmes de préparation de commande basés sur des flottes de robots mobiles et autonomes. Capables de porter des charges de 30 kg maximum pour un encombrement de 66 cm x 80 cm x 38 cm, ses robots ont la particularité d’évoluer dans les trois dimensions. Ce qui leur permet d’aller chercher des bacs stockés dans des racks sur des hauteurs allant jusqu’à 10 mètres. Dédié au Picking, ce dispositif innovant repose sur des algorithmes qui assurent le guidage à grande vitesse et l’optimisation des trajets robotisés. La solution est déjà en service dans l’entrepôt de Cdiscount de Cestas. Forte de cette référence, Exotec dispose d’un portefeuille de commande de 400 robots environ pour 2018.
Eliane Kan
© Exotec
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