Gérer les risques
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Santé et qualité de vie au travail

Isabelle Leleu (Eurogip) : « Pour progresser en prévention, il faut changer les mentalités »

Interview de la responsable de l’information et de la communication au sein du groupement d’intérêt public Eurogip. Créé en 1991 par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il s’agit d’un observatoire et d'un centre de ressources relatives à la prévention et l’assurance des risques professionnels en Europe.

Vous avez organisé au printemps dernier les Débats d’Eurogip sur le thème « santé et sécurité au travail, quels leviers pour une culture de prévention en entreprise ». Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Après 30 ans de baisse continue du taux de fréquence des accidents du travail, nous constatons une stagnation dans la réduction de la sinistralité. Pour progresser, il faut changer les mentalités et adopter des solutions plus adaptées à la taille et au secteur d’activités des entreprises pour développer une véritable culture de prévention.

Comment nos voisins européens s’y prennent-ils ?
En Autriche, chaque entreprise de moins de 50 salariés peut bénéficier gratuitement de la venue d’un expert en prévention. L’AUVA (Allgemeine Unfallversicherungsanstalt), l’homologue autrichien de notre Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), en a recruté 300 qui ont été formés pour établir un diagnostic et définir un plan d’actions. Au Danemark, une stratégie similaire a permis de baisser la sinistralité dans les PME en adoptant une approche sectorielle, à commencer par les secteurs les plus à risques comme la construction. L’Italie a créé un fonds à partir des excédents de cotisations Accidents du travail/Maladies professionnelles (AT/MP) qui finance des dispositifs de prévention. Enfin en Allemagne, la Verwaltungs-Berufsgenossenschaft (VBG), caisse d’assurance de l’administration, s’appuie sur des référentiels de management de la santé et la sécurité au travail qui présentent l’avantage d’associer le personnel, les managers et les dirigeants pour instaurer une culture de prévention.

Eurogip a été chargé d’une étude comparative des différentes approches de prévention mises en place chez nos voisins européens. Quels en ont été les retombées au niveau français ?
Nous avons pu mettre en évidence que les dépenses en faveur de la prévention dans les autres pays étaient parfois plus élevées qu’en France. L’étude comparative des systèmes d’aide aux entreprises en Europe notamment a permis de mieux calibrer les moyens consacrés à la prévention dans le cadre de la Convention d’objectifs et de gestion (COG) 2018-2022 signée entre l’État et la branche maladies-risques professionnels. Il a ainsi été convenu de passer à une enveloppe de 85 millions d’euros par an jusqu’en 2020, puis à 100 millions les deux années suivantes, contre 50 millions d’euros en 2017.

Propos recueillis par Eliane Kan

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