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Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Protection périmétrique : pas d’innovation de rupture mais des améliorations décisives

Dotée de procédés très techniques et variés, la protection périmétrique constitue le premier rempart pour protéger les entreprises. Misant sur des systèmes sûrs et robustes, les fabricants expérimentent plusieurs voies pour démocratiser les technologies de pointe.

Organismes d’importance vitale (OIV), sites industriels, centrales nucléaires, entrepôts logistiques… la protection périmétrique extérieure est le premier rempart à mettre en place pour sécuriser un site sensible de grande taille. Le principe est simple : plus tôt on détecte une intrusion, plus brefs seront les délais pour la neutraliser ou, au pire, en limiter les dégâts. Par conséquent, les premiers constituants d’une protection périmétrique extérieure efficace reposent sur une clôture physique de qualité associée à un système de détection. Cependant, pour agir efficacement dès la détection d’une intrusion, il reste nécessaire de coupler la protection et la détection périmétrique extérieure à un système de vidéosurveillance, afin de confirmer l’intrusion et procéder à lever le doute, ainsi qu’à une cartographique numérique du site pour localiser précisément l’évènement. Autant de préalables pour transmettre les données de l’incident vers une station de télésurveillance, si le site ne dispose pas de PC de sécurité. Dans ce domaine, en dehors d’Hymatom qui annonce d’ici un mois une innovation de rupture, les produits, bien que très techniques, innovent peu. Ils font plutôt l’objet d’améliorations successives.

Clôtures détectrices
Pour détecter un individu dans un espace protégé, près d’une dizaine de technologies sont susceptibles d’être mises en œuvre. À commencer par les câbles détecteurs de choc équipés d’un accéléromètre, que l’on installe sur des clôtures grillagées. Grâce à ce procédé, tout le panneau de clôture devient sensible à la coupure, l’escalade ou l’arrachement. En effet, le capteur se montre sensible à chaque vibration due à une intrusion. Qui plus est, il est capable de distinguer les vibrations liées au vent, réduisant ainsi le nombre de fausses alertes – grande hantise du secteur. L’inconvénient majeur étant que chaque capteur se voit sur le grillage comme le nez au milieu de la figure.
Plus discrète et plus élégante (mais sûrement plus onéreuse), la clôture détectrice de Sorhea, brevetée, met en œuvre des panneaux métalliques (non grillagés) constitués de deux plaques accolées (avec un isolant entre les deux) parcourues par un courant électrique. À la moindre tentative de découpe, de cisaillement ou d’arrachement, les deux plaques sont mises en contact, ce qui crée un court-circuit déclenchant l’alarme. De son côté, Hymatom mise sur une technologie originale de capteurs de torsion placés au pied des poteaux, sortie il y a moins de deux ans. « Destiné principalement aux clôtures rigides, ce capteur est sensible à la torsion du métal due au poids de l’individu qui tente d’escalader la barrière, explique Bernard Taillade, PDG d’Hymatom. Complémentaire aux capteurs de vibrations, cette technologie sert notamment lorsque l’intrus utilise une échelle sans générer de vibration. Elle sert également à détecter la torsion de barreaux d’une cage ou d’une fenêtre. »

Barrières immatérielles

Également discrètes, les barrières infrarouges d’Atsumi, Optex, Prodatec, Seagate, Sorhea, Sunwave-Selco ou Takex émettent des rayons lumineux horizontaux totalement invisibles à l’œil nu. Lorsque le faisceau est rompu, cela signifie qu’il y a intrusion. Véritables murs immatériels de détection à 2, 4, 6 ou 8 faisceaux, ces barrières donnent l’alerte en distinguant un animal d’un homme grâce à un nombre suffisant d’émetteurs et de récepteurs répartis sur toute la hauteur de chaque poteau. Sa très grande portée (jusqu’à 100 m chez Sorhea) constitue l’atout majeur de l’infrarouge. Grande tendance : la réduction des coûts en s’affranchissant des travaux de génie civil (tranchées, tirage de câbles d’alimentation électrique…) grâce à des panneaux solaires et une batterie embarqués dans le poteau ainsi qu’une communication WiFi.

Câble enterré
Encore plus discrète, la technologie par câble enterré de fabricants comme Sorhea ou Southwest Microwave se compose de deux câbles coaxiaux hyperfréquence enfouis sous terre. Ces derniers forment alors un lobe de détection mesurant près de 2 m de large pour 1,25 m de hauteur. Ce dispositif détecte toute tentative d’intrusion le long du périmètre protégé. Pour sa part, Southwest Microwave se dit capable de localiser très précisément l’endroit de l’intrusion grâce à des processeurs d’analyse du signal. Là aussi, les fabricants s’évertuent à trouver des technologies limitant le recours aux coûteux travaux de génie civil. En témoigne Hymatom : « Nous travaillons actuellement sur un transfert de technologie du monde sismique vers la protection périmétrique. Nous avons un capteur prototype placé dans le sol qui remplace le câble enterré, détaille Bernard Taillade. Pour l’heure, ce type de capteur est extrêmement sensible. Du coup, il ne parvient pas à discriminer un camion qui passe à 30 m d’une personne qui marche à proximité. »

Le câble enterré permet de localiser très précisément l'intrus
grâce à des processeurs d'analyse du signal.
© Southwest Microwave
Le câble enterré permet de localiser très précisément l’intrus
grâce à des processeurs d’analyse du signal.
© Southwest Microwave

Grandes manœuvres dans les radars

Technologie longtemps cantonnée aux applications militaires ou haut de gamme, la détection radar commence à se démocratiser. A cet égard, l’Israélien Magos Systems et le distributeur français Matech Sécurité (groupe AA), spécialiste des technologies et solutions dédiées à la détection périmétrique des sites sensibles, ont signé un partenariat en juillet dernier. Objectif : rendre plus accessibles les radars SR500, qui peuvent être fixes ou mobiles et affichent une consommation électrique inférieure à 2,5 Watts. Très compact (45 cm de large, 25 cm de hauteur et 10 cm d’épaisseur), le SR500 est livré avec un logiciel dédié servant, entre autres, à créer des zones de détection susceptibles de générer des alarmes. Il offre une portée de 600 mètres. De quoi détecter une intrusion périmétrique et effectuer le suivi d’un individu ou d’un drone qui passerait à vitesse modérée dans son champ de vision. En outre, la machine est fournie avec un logiciel développé par Matech, capable de s’interfacer avec les grands logiciels de supervision du marché.
Signe que les grandes manœuvres ont démarré dans les radars, Axis Communications a présenté en septembre dernier lors du salon APS son D2050-VE, un radar IP (Internet Protocol). « Il est tout aussi fiable que des caméras thermiques en étant moins cher. Il fonctionne idéalement pour des zones plus larges de détection et ce même dans le cas de conditions climatiques extrêmement mauvaises, fait valoir Martin Gren, co-fondateur de la société. Il fonctionne le jour, la nuit, sous le soleil et lors d’averses orageuses. Il [complète] les solutions de surveillance existantes opérant dans des zones extérieures plus petites. » Sur ce créneau, Sorhea propose son radar IP Pyramid Connect, qui combine l’effet Doppler hyperfréquence, le radar à proprement parler et un capteur infrarouge.

Simplifier la vidéodétection
Pour sa part, Foxstream cherche aussi à démocratiser sa technologie de protection périmétrique. « Pour les grandes affaires, nous traitons surtout avec des ingénieurs chez les clients. Mais pour les projets plus petits, où l’on a quand même besoin de protection périmétrique, les clients ou même les installateurs n’ont pas forcément toutes les compétences nécessaires, explique Jean-Baptiste Ducatez, PDG de Foxstream. C’est pourquoi nous avons conçu la FoxBox, une solution packagée, sans clavier, sans écran et sans serveur. Il suffit de brancher les caméras pour faire fonctionner le système. » Connu pour ses logiciels d’analyse des images vidéo, notamment en matière de détourage, Foxstream propose ainsi une solution globale à petit budget incluant la box (qui tourne sous Windows Embedded) et les logiciels en lien avec les télésurveilleurs. « En amont de l’installation, nous proposons aussi une pré-étude qui permet de déterminer le nombre de caméras et de bien les positionner de sorte à éviter les « trous » dans la détection périmétrique, reprend Jean-Baptiste Ducatez. Il nous a fallu deux ans de R&D pour mettre au point ce boîtier de fabrication 100% française. » L’entreprise n’abandonne pas pour autant son engagement dans les algorithmes d’analyse. Elle propose un système intelligent d’analyse vidéo capable de détecter tout type d’intrusion, en veillant à éliminer les fausses alarmes. Pour ce faire, elle collabore avec des laboratoires de recherche comme le Laboratoire d’informatique en images et systèmes d’information (Liris) et le CNRS.

Erick Haehnsen

Ce radar a une portée de 600 m.
© Magos Systems
Ce radar a une portée de 600 m.
© Magos Systems

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