Des start-ups dépoussièrent l'univers du vêtement de travail avec des chemises haut de gamme déperlantes et respirantes ou encore des vestes haute visibilité pour conjuguer mode et sécurité.
Couplant technologies numériques et nouveaux traitements des fibres, les vêtements de travail de demain sont appelés à devenir plus seyants, confortables et design. C’est du moins ce qu’augurent les solutions proposées par les start-ups du textile, à commencer par Induo. « Nous produisons un tissu en coton naturel à la fois déperlant et respirant qui est utilisé par des confectionneurs de chemises haut de gamme », résume Joséphine Fuzeau, en charge de la stratégie commerciale de l’entreprise.
Technologie brevetée
Protégée par un brevet, sa technologie a été développée à Roubaix (Nord) entre 2014 et fin 2015 par Sébastien François, le fondateur et directeur technique d’Induo. Ce dernier a bénéficié de l’expertise du Centre européen des textiles innovants (Ceti) et de l’Ecole nationale supérieure des arts et industries textiles (Ensait). Fabriqué à Taiwan, ce textile est composé d’une fibre de coton très fine plongée dans différents bains lui conférant ses propriétés techniques particulières. Le traitement est garanti à vie.
Label Oeko-Tex
La fibre est tissée de manière à obtenir un tissu de chemise à la fois respirant et déperlant, c’est-à-dire doté d’une surface sur laquelle l’eau glisse sans pénétrer. Disponibles aujourd’hui en bleu et en blanc, les textiles d’Induo bénéficient d’une certification Reach et du label Oeko-Tex, premier label visant à garantir des textiles sans produit toxique pour le corps et pour l’environnement. L’entreprise textile basée à Paris poursuit aujourd’hui ses recherches sur un coton naturel qui sera non seulement anti-tâche et anti-transparent mais aussi infroissable.
No Smoking habille des salariés de Vinci
Pour l’heure, ses produits sont vendus à des confectionneurs de vêtements sur mesure ou destinés à des usages professionnels haut de gamme, à l’instar de ce que propose No Smoking. Egalement installée dans la Ville Lumière, cette entreprise crée notamment des uniformes, tailleurs et robes pour les hôtels et restaurants de luxe – comme le Plaza Athénée à Paris.
Extension au secteur du BTP
Depuis peu, elle conçoit des blouses chics pour Plendi, la branche immobilier de luxe du groupe Vinci. Confectionnées en gabardine de coton Induo, celles-ci contribuent à faire vivre la marque en donnant une image raffinée du chantier, tout en protégeant de la poussière les vêtements des maîtres d’oeuvre et artisans (doreurs, plâtriers, etc). « Le groupe m’en a commandé 250 au total », indique Anne-Cécile Meignan, PDG de No Smoking qui se déclare séduite par le toucher des textiles Induo dont l’apprêt est complètement indétectable.
Des vestes mode et haute visibilité pour la SNCF
De son côté, Urban Circus, griffe créée par deux jeunes ingénieurs, réinvente les vêtements de sécurité en leur donnant une allure résolument mode. Parées de motifs originaux, les vestes de la marque sont à la fois réversibles et réfléchissantes grâce à des microbilles de verre directement intégrées dans l’encre, pour une haute visibilité en toutes circonstances.
Dans des programmes d’accélération
Conçus pour être vus à une distance de 250 mètres, ces vêtements satisfont aussi bien les particuliers que les entreprises. Les fondateurs ont d’ailleurs intégré en 2016 le programme d’accélération de projets AIR (Accélération, Innovation, Rupture) de SNCF Réseau et SNCF Développement. De concert avec leurs équipes internes, la start-up a développé des uniformes techniques et branchés répondant aux besoins des cheminots. « La prochaine étape consiste à leur proposer un vestiaire pour les femmes de sorte que les équipements haute visibilité soient enfin adaptés à la morphologie des femmes », prévoit Henri de Kergorlay, cofondateur de l’entreprise.
Bientôt des LED intégrées dans le textile
Plus confortables et plus esthétiques, ces vêtements sont taillés pour une grande variété de métiers comme ceux du bâtiment. « Nous voulons concilier conditions de travail et sécurité en intégrant des LED dans le textile de la veste », indique Henri, qui travaille avec un prestataire spécialisé dans l’électronique.
Cabines 3D d’essayage virtuel
Aider les confectionneurs à proposer des vêtements plus conformes à la morphologie de ceux qui les portent, telle est l’ambition des cabines 3D d’essayage virtuel. A commencer par celles proposées par le français Exsens. L’entreprise, qui a investi près d’un million d’euros dans un programme de trois ans de R&D avec 10 personnes, vise plusieurs marchés, notamment le fitness, la mode, le gaming, l’entertainment et, dans une moindre mesure, le vêtement professionnel. La cabine réalise des prises de mesures automatiques à l’aide de plusieurs centaines d’appareils photos. Une fois les images traitées par le logiciel, on obtient un double virtuel de la personne d’une précision millimétrique qui vient alimenter des robots de découpe de textiles de chez Lectra. De quoi intéresser Elis et Cepovett, tous deux fournisseurs de vêtements professionnels. « Protégée par quatre brevets, la cabine est déjà opérationnelle mais elle sera déployée dans des lieux publics d’ici la fin d’année effectivement », indique Laurent Thomas, directeur commercial d’Exsens.
Eliane Kan
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