On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Ce proverbe vaut désormais pour les messageries instantanées privées et sécurisées. Le gouvernement français a confié à la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (DINSIC) le pilotage d’un projet visant à développer son propre logiciel. Bénéficiant notamment des contributions de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), il vise à protéger les conversations de nos ministres contre les oreilles indiscrètes. Dès cet été, leurs échanges seront en effet sécurisés et chiffrés de bout en bout, et ce sans que l’utilisateur en soit gêné.
Partage fluide et sécurisé des documents
Cette messagerie instantanée tourne sur tous les smartphones et ordinateurs professionnels ou personnels, à la différence des applications similaires comme WhatsApp ou encore Telegram qu’elle est appelée à remplacer. En effet, ces messageries propriétaires fonctionnant eclusivement sur des smartphones, ce qui empêche un partage fluide des documents. Un gros avantage qui va convaincre les ministres à se détourner de Telegram dont ils sont friands. Or, Pavel Durov, son éditeur, est sous la pression du gouvernement de Vladimir Poutine qui réclame les codes de chiffrement de son application. Cette menace incite les pays comme la France ou l’Iran à disposer de leur propre messagerie.
Logiciel Open Source
Au plan technique, la messagerie instantanée française s’appuie sur le logiciel Open source Riot qui implémente le protocole de communication Matrix. Porté par New Vector, une entreprise franco-britannique, ce protocole est déjà utilisé par de nombreux éditeurs qui recensent plusieurs millions d’utilisateurs. L’annonce de ce projet a été faite mi avril par Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État chargé du numérique. Il est d’ailleurs bien avancé puisque l’outil est testé depuis trois mois par ses services ainsi que par la DINSIC et des directions des systèmes d’information de différents ministères. Il devrait être déployé cet été dans les administrations et les cabinets.
Eliane Kan
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