Soutenus par la reprise économique, les fabricants d'échafaudages, plateformes roulantes et marchepieds étoffent leurs gammes avec des produits qui collent au plus près aux besoins des utilisateurs. Idem pour les échelles et escabeaux évoluant cette année avec l'arrivée des deux derniers volets de la norme EN 131.
Attention aux chutes de hauteur ! Après le risque routier, celles-ci constituent la seconde cause de mortalité dans le cadre du travail. En 2016, elles étaient à l’origine de 13% des 514 décès recensés, de 16% des 34 202 incapacités permanentes reconnues et de 12% des 566 634 accidents du travail (AT) ayant donné lieu à au moins quatre jours d’arrêt. Le BTP porte bien sûr le plus lourd tribut de ces AT, devant le commerce non alimentaire, les services administratifs ainsi que le secteur du transport et de l’énergie. Signe que les chutes ne se produisent pas forcément depuis une toiture. Une hauteur d’un mètre suffit à se tordre une cheville. Pour autant, ce risque n’est pas une fatalité dès lors que l’entreprise applique l’article R4323-67 du code du travail et qu’elle adopte les bonnes mesures de prévention en termes d’organisation, de formation et de choix du matériel.
Duarib co-innove avec ses utilisateurs
Soutenus par la reprise de l’économie, les fabricants rivalisent d’ingéniosité de sorte à rendre les plate-formes individuelles roulantes légères (Pirl) et les échafaudages plus sûrs, confortables mais aussi rapides à monter et à démonter tout en les rendant plus légers et faciles à manier pour les utilisateurs. A commencer par Duarib, une PME française d’une centaine de personnes. Basée à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique) et membre de CDH Group se distingue avec une Pirl (norme PIRL et EN131-7) co-construite avec des utilisateurs issus de l’industrie, du commerce et du BTP. Des endroits exigus où il n’est pas aisé de déplacer une Pirl lorsqu’elle est déployée. D’où l’idée de Duarib de lui rajouter quatre roulettes pivotantes et ultra-mobiles. Une innovation qu’il a d’ailleurs brevetée. « Il suffit que l’utilisateur monte sur la première marche pour que les roulettes remontent et que la plate-forme prenne mécaniquement appui sur ses patins », explique Anne-Elise Pillet, responsable marketing de l’entreprise. Disponible avec 3 marches pour une hauteur de travail de 2,70 m ou 4 marches pour une hauteur de travail de 2,95 m, cette Pirl baptisée « Wheelys » peut supporter jusqu’à 150 kilos.
Micronacelle électrique de faible largeur
Audinnov, une autre PME française (2,8 millions de chiffre d’affaires en 2017 et 25 personnes) s’adresse quant à elle aux interventions en hauteur menées par les sociétés de maintenance et de Facility Management avec Ergolift, sa plateforme à élévation motorisée (norme EN 280:2013). Cette micronacelle électrique est pourvue de 2 portillons automatique. L’intervenant peut ainsi y travailler en toute sécurité et ce, jusqu’à une hauteur de plancher de 3 mètres. La batterie de la nacelle assure une autonomie de 60 levées et descentes. Cerise sur le gâteau, elle est équipée d’un panier porte-outils pour tout avoir à portée de main. Surtout, cette plate-forme motorisée joue la compacité avec ses 70 cm de largeur et son poids plume de 150 kg, ce qui lui vaut de passer aisément les portes et les ascenseurs sur ses 4 roues pivotantes. Sa conception en forme de C lui permet d’intervenir au-dessus des bureaux pour effectuer par exemple le changement d’éclairage et la maintenance des éléments de climatisation.
Marchepied modulaire fabriqué à la demande
L’allemand Hymer (460 personnes et 58 millions de chiffre d’affaires pour 2017) se montre lui aussi soucieux de s’adapter au mieux aux besoins de ses utilisateurs. Il le prouve avec son nouveau marchepied (norme EN 14183 ). Modulaire et configurable à loisir, cet équipement fabriqué à la demande a bénéficié, lors de sa conception, de l’expertise de la division dédiée aux projets spéciaux. Grâce à cette approche, les clients de Hymer disposent d’un marchepied qui répond au plus près à leurs besoins sachant que leurs contraintes varient selon qu’ils travaillent à la maintenance, au contrôle ou à la production.
Un équipement qui se monte comme un meuble
Le modèle de base se compose de deux branches latérales à visser, avec le nombre de marches voulu, sachant que le marchepied peut monter jusqu’à un mètre de hauteur. Les marches sont proposées dans plusieurs largeurs (de 60 cm à 100 cm) et longueurs (de 80 cm à 120 cm) et en différents revêtements tels que l’aluminium strié ou antidérapant, la tôle perforée ou le caillebotis acier galvanisé. « Une fois le marchepied configuré, il est livré sur le site de nos clients en pièces détachées pour être monté très facilement comme un meuble Ikea », fait valoir Murat Kucukoglu, directeur commercial France d’Hymer. Outre ses marchepieds, l’entreprise est aussi réputée pour ses échafaudages roulants, plateformes de montage et échelles autoportantes. Ces dernières connaissent depuis le début d’année une évolution de la norme EN-131. Laquelle vise à garantir aux utilisateurs plus de sécurité par l’ajout de nouveaux textes et une meilleure information, grâce à la présence de pictogrammes sur les échelles et les marchepieds.
Evolution de la norme EN-131
Rappelons que la norme EN131 est constituée de trois volets. Le premier, apparu en 2015, détaille les exigences dimensionnelles des échelles de plus de trois mètres. Dès lors qu’elles sont utilisables en appui, elles doivent être équipées d’un dispositif de protection contre l’écartement de la surface d’appui. Ce dernier doit rester inférieur à 1,2 m et varier selon la longueur de l’échelle. Les deux derniers volets de la norme EN 131 sont apparus en 2017. Le premier exige des tests supplémentaires pour éprouver la résistance des échelles. Le second impose sur l’échelle la présence de pictogrammes et d’une notice de montage. L’évolution de la norme prévoit également que toutes les échelles télescopiques, simples, transformables et coulissantes de plus de 3 mètres soient équipées d’un stabilisateur ou d’une base évasée. De sorte à procurer plus de stabilité et donc de sécurité à l’opérateur.
Deux ans de R&D pour améliorer les produits
Ces évolutions ont amené les fabricants à proposer des kits pour changer les patins existants et ajouter une traverse en partie basse. D’autres entreprises en ont profité pour enrichir leur offre avec de nouvelles gammes d’échelles. C’est ce que revendique Tubesca-Comabi (près de 85 millions de chiffre d’affaires en 2016). Acquise en 2016 par le groupe français Frénéhard & Michaud, cette PME a consacré deux ans de R&D pour élaborer de nouveaux produits. Parmi lesquels, l’échelle X-Tenso qui se distingue par sa compacité et sa stabilité. Ce modèle télescopique en aluminium intéresse les usages intensifs. Un témoin facilite et sécurise sa mise en place : il est vert en position ouverte et rouge en position fermée. Pour plus de sécurité, X-Tenso est équipée d’un système de ralentissement au déverrouillage. Enfin, le modèle de 2,90 m dispose de sabots moulés antidérapants tandis que les modèles de plus de trois mètres sont équipés de sabots renforcés et d’une base stabilisatrice repliable.
Layher doublement récompensé en 2018
Le fabricant allemand Layher a fait coup double lors de la troisième édition du concours des Mat d’or organisé par l’éditeur de bases de données Sageret. 250 000 entreprises du BTP ont été sollicitées pour désigner les meilleurs produits. Lors de cet événement, le fabricant Layher a remporté le label Mat d’or pour son escalier Multistair, un escalier de chantier hélicoïdal de faible encombrement (1,57 m x 1,57 m) pouvant être levé à la grue. « Sa conception est basée sur des modules spécifiques comme des garde-corps, marches et montants et sur des composants standards de sorte à pouvoir l’intégrer dans nos échafaudages », indique Laurent Meuley, responsable de la formation chez Layher France, basée à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). Lors de ce concours, l’entreprise a reçu également le label d’or pour son logiciel Windec 3D dédié à la construction automatique d’échafaudage en 3D réaliste. La version 5.0 comporte 50 nouvelles fonctionnalités, dont la gestion des vérifications de chantiers grâce à une application accessible sur smartphone. Lorsque l’utilisateur effectue le contrôle journalier ou trimestriel de l’échafaudage, il doit scanner à l’aide de son terminal les tags (QR Code ou NFC) présents sur l’échafaudage. Les données sont alors envoyées vers le logiciel Windec de sorte que toutes les personnes habilitées à accéder au registre de sécurité automatique puissent les consulter. De quoi assurer un vrai suivi de la sécurité des équipements.
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