Véritable fléau dans le monde, ce trouble respiratoire diminue la productivité et augmente les risques d'accidents du travail. Pour le détecter et le combattre, des entreprises françaises ont imaginé des solutions innovantes.
La qualité du sommeil est essentiel pour limiter les risques d’accident du travail et la baisse de productivité. Or, avec le vieillissement de la population au travail, de plus en plus de personnes sont atteintes de troubles du sommeil. A commencer par les ronflements sévères mais aussi, plus graves, les apnées du sommeil. Cette maladie chronique se manifeste par des pauses respiratoires ou de diminution du débit respiratoire de quelques secondes. Ces troubles respiratoires sont souvent mal détectés. Voire pas du tout diagnostiqués. Cependant, ils engendrent des risques pour la santé tels que des troubles du rythme cardiaque, l’augmentation de l’hypertension artérielle, des risques d’infarctus, de diabète, etc. Sans compter les troubles neurologiques.
Une perte en productivité estimée à 87 milliards de dollars
Massivement sous-évaluée, l’apnée du sommeil toucherait près d’un milliard de personnes selon un article paru l’été dernier dans la revue scientifique The Lancet. En se basant sur une quinzaine d’études à travers le monde, les 15 auteurs dont 12 professeurs estiment à 936 millions le nombre d’adultes âgés de 30 à 69 ans (hommes et femmes) affectés par une apnée obstructive du sommeil sévère et à 425 millions les personnes âgées de 30 à 69 ans souffrant d’une apnée obstructive du sommeil modérée à sévère dans le monde. Le nombre d’individus touchés était le plus élevé en Chine, suivi des États-Unis, du Brésil et de l’Inde. Massivement répandue, cette pathologie mérite donc une attention plus soutenue des États, des médecins du travail et des entreprises. En effet, l’Académie américaine de médecine du sommeil évalue à 87 milliards de dollars le coût en productivité perdue. Sans compter l’augmentation des accidents du travail et les coûts en consultation médicale, hospitalisation et traitement médicamenteux
Une montre pour détecter l’apnée du sommeil
La France n’échappe évidemment pas à ce phénomène. L’apnée du sommeil affecte 5 % de la population française, selon Withings, le leader de la santé connectée. L’entreprise présente sur le dernier Consumer Electronic Show, le salon de l’électronique grand public qui s’est tenu du 7 au 10 janvier dernier à Las Vegas, a présenté sa solution pour détecter ce trouble respiratoire grâce deux nouveaux objets connectés. Le premier, Scanwatch, est une montre connectée. Elle a été développée avec des chercheurs, des cardiologues et des experts du sommeil. « Il s’agit de la première montre au monde capable de détecter la fibrillation auriculaire, la plus répandue des arythmies cardiaques, de notifier l’utilisateur en cas de rythme cardiaque irrégulier et de dépister l’apnée du sommeil », indique le fabriquant.
En attente de la validation par un CE medical, Scanwatch sera commercialisée en Europe au deuxième trimestre 2020. A cette date devrait déjà être commercialisée la nouvelle génération de son capteur de sommeil Sleep. Lancé en 2018, ce dispositif textile à glisser sous le matelas est équipé notamment d’accéléromètre et d’autres capteurs qui détectent les mouvements et entend les vibrations. Scanwatch et Sleep enverront leurs données à l’application Health Mate. Laquelle permet déjà d’analyser les troubles du sommeil en fonction de la durée du sommeil, la profondeur, les interruptions, le temps d’endormissement et de réveil et la régularité grâce aux données transmises par le boîtier Sleep lancé en 2018.
Orthèse personnalisable
Une fois détectée chez les patients, l’apnée du sommeil doit être traitée. En France, les médecins prescrivent en général des machines à pression positive (PPC) qui délivrent au dormeur une ventilation forcée afin de laisser les voies aériennes dégagées pendant le sommeil. « Il s’agit d’appareils encombrants et coûteux », rapporte Thibault Vincent, directeur général cofondateur d’Oniris, une PME qui fabrique en France une gamme d’orthèses thermoformées.
Le modèle le plus vendu est auto-adaptable soit à la maison soit chez le dentiste. Semblables à des protège-dents pour les sportifs ou à des gouttières dentaires, ces orthèses laissent passer l’air au niveau du pharynx et empêchent les phénomènes d’obstruction à l’origine du ronflement et de l’apnée du sommeil. « Plusieurs dizaines d’études cliniques ont montré que les orthèses d’avancée mandibulaires sont efficaces contre le ronflement et l’apnée du sommeil et représentent une alternative à la PPC », rapporte Thibault Vincent, qui a co-fondée avec son frère Mathieu l’entreprise en 2011. Depuis, la PME de 7 personnes compte plus de 100 000 utilisateurs dans le monde et en France. Son orthèse thermoformée est d’ailleurs validée par l’Autorité de santé nationale, une première dans le domaine, et remboursée par la sécurité sociale comme traitement de l’apnée du sommeil.
Eliane Kan
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