Des podcasts de le CNAM pour défendre les métiers les plus ingrats

Policiers, agriculteurs, aides-soignants en EHPAD, secrétaires, écrivains… la liste est longue des métiers qui ont mauvaise réputation auprès de l’opinion publique. Or, pour le Conservatoire national des arts et métiers, ce sont justement ces jobs qui figurent parmi les professions les plus pénibles.

« Agriculteurs, tous pollueurs », « Les managers en open-space ont été embauchés pour nous espionner », « Il est bien connu que les aides-soignants se vengent des personnes âgées en maison de retraite », « La police arrive ? Tous aux abris ! »… Bon nombre de professions souffrent d’une très mauvaise image. Or ces métiers ingrats sont également les premiers à souffrir de conditions de travail dégradées et d’un grand nombre de facteurs de pénibilité. Conscient que certaines professions sont méprisées à tort, un groupe d’experts du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) vient de créer une série de podcasts intitulés « Métiers Anonymes » pour détricoter les idées reçues sur ces boulots. 

Sept épisodes déjà postés

Il y a quelques mois, le conservatoire, qui rassemble de nombreux sociologues, psychologues du travail, économistes, chercheurs et enseignants, a donc décidé de mettre à profit cette pépinière d’experts sous forme d’un blog pour interroger les conditions de travail des métiers les plus mal vus. Ce véritable nouveau petit média qui a déjà une demi-douzaine de podcasts au compteur vient de publier son septième épisode. 

Les saisonniers agricoles, sous -prolétariat des campagnes

A ce sujet, Nicolas Roux, sociologue au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), revisite le métier de saisonnier agricole, qu’il considère comme représentant le « sous-prolétariat de nos campagnes ». Alors que le monde agricole se trouve sous le feu des critiques pour sa gestion de l’environnement, ses ouvriers sont la cible de plaintes si virulentes qu’elles ont même donné lieu à un terme spécial « agribashing ». Cependant, en toile de fond, se cache une réalité toute autre pour ces « invisibles des campagnes » qui sont la cible d’emplois précaires, sous-qualifiés et mal rémunérés…

Aides-soignants en EHPAD

Autre sujet intéressant, les aides-soignants en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) font l’objet de graves accusations de maltraitance des patients. Pourtant, comme le rappelle Dominique Lhuilier, psychologue du travail et professeur émérite au CNAM, cette profession figure parmi les plus difficiles : sur fond de mécanismes structurels pernicieux, ils sont exposés à de nombreux facteurs de pénibilité comme les TMS, le risque de contamination biologique ou encore la confrontation quotidienne à la maladie, à la mort et à la souffrance. 

Ségolène Kahn