Que l’on se rassure. Cette hausse résulte de la reprise économique qui a suscité un regain de l’emploi. De fait, la fréquence des accidents reste proportionnelle au nombre d’actifs et se maintient dans un taux historiquement bas.
A première vue, le constat inquiète : selon le bilan publié ce mardi par l’Assurance maladie, les accidents du travail ont progressé de 2, 9 % en 2018 alors qu’il avait atteint en 2017, son niveau le plus bas depuis la fin des années quarante. Ce qui représente concrètement 651 103 nouveaux sinistres. Face à un tel résultat, il est vite arrivé de soupçonner une baisse des exigences en matière de santé et sécurité des entreprises. Or, selon l’assureur, il s’explique surtout par la reprise économique. Fausse alerte, donc.
34 accidents du travail pour 1 000 salariés
Logiquement, l’organisme explique que cette reprise s’accompagne forcément d’une amélioration de la situation de l’emploi. Et qui dit plus de travailleurs, dit plus d’accidents. De fait, le nombre de sinistres demeure proportionnel et à celui du volume d’actifs. « La fréquence des accidents du travail reste stabilisée à un niveau historiquement bas, autour de 34 accidents du travail pour 1 000 salariés depuis 5 ans alors qu’elle était à 45 accidents pour 1 000 salariés il y a 20 ans », précisent les auteurs de l’étude.
Les services, secteur le plus touché
Plus précisément, il faut savoir que certains secteurs sont plus touchés que d’autres par l’accidentologie du travail. La hausse la plus forte se concentre dans les activités de service dont l’intérim et l’aide et soins à la personne (+5 %), devant les industries du bois, de l’ameublement et du papier-carton (+4,5 %).
Du progrès dans le BTP
A l’inverse, certains secteurs sont moins touchés par cette progression, à commencer par le transport (+2,4 %), l’alimentation (+2,4 %) et le BTP (+1,9 %). Quant aux secteurs de la chimie et les activités de bureau comme la banque, les assurances et l’administration, ils affichent des hausses inférieures à 1%.
Gare aux accidents de la route
Autre point important, parmi les sinistres les plus récurrents, les accidents de trajet ont fortement progressé, passant de 4,3% en 2017 à 6,9%. En cause, les enquêteurs accusent des conditions météorologiques mauvaises « concentrée sur les mois d’hiver et les régions les plus touchées par les intempéries » comme, rappelons-le, les épisodes intenses de neige en février et mars 2018. D’ailleurs, sur les 99 183 accidents de trajets recensés, plus de la moitié résultent du risque routier.
+2,1% pour les maladies professionnelles
Du côté des maladies professionnelles, les nouvelles ne sont pas réjouissantes. Après trois années de baisse, leur nombre a repris 2,1 % en 2018 avec 49 538 cas reconnus. Une augmentation qui, pour l’Assurance maladie, est à corréler avec la hausse de 2,7% des troubles musculosquelettiques (TMS) qui représentent 88% des manifestations de maladies professionnelles. De fait, outre les TMS, l’assurance cible deux risques responsables d’une majorité d’accidents du travail et de maladies professionnelles (AT/MP), à savoir le risque chimique et les chutes de hauteur dans le BTP.
Les RPS en hausse
Autre sujet de préoccupation, les affections psychologiques liées au travail affichent une hausse constante avec 990 cas reconnus (soit environ 200 de plus qu’en 2017). En revanche, le nombre de cas reconnus de cancer professionnels s’est stabilisé depuis 2005, avec 1 800 cas reconnus. Quant aux maladies liées à l’amiante, l’étude enregistre une baisse de 8,3 %, notamment en ce qui concerne les troubles dus aux plaques pleurales.
50 000 entreprises prises en charge
En termes de prévention, l’Assurance Maladie poursuit sa politique en réalisant des actions de terrain, des programmes d’accompagnement et de diagnostic pour aider les entreprises à trouver des solutions de santé et de sécurité au travail. Ce qui s’est traduit par des visites des caisses régionales de l’Assurance maladie-Risques professionnels dans près de 50 000 entreprises en 2018, dont 80 % emploient moins de 100 salariés. Sachant que ces entreprises considérées comme établissements sensibles, ont été sélectionnées car elles concentrent 28% des sinistres et 33% des dépenses de la branche concernée.
Ségolène Kahn
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