Après la prise de participation en 2018 du fonds Euraseo à hauteur de 60 %, le groupe Vitaprotech affiche la volonté de tripler son chiffre d’affaires à 100 millions d’euros en 5 ans. Aujourd’hui il est à mi chemin. Après avoir rationalisé son portefeuille de technologies, il relance des innovations. Dont une colonne infrarouge de détection d’intrusion.
« Lorsque j’ai racheté Sorhea en 2012, j’avais déjà l’intention de bâtir un groupe industriel français de la sécurité. D’une part, parce que ce secteur connaît une croissance organique plus importante que celle du PIB. D’autre part, parce qu’en France, il y a de bonnes technologies et de bons ingénieurs, explique Eric Thord, PDG du groupe Vitaprotech qui rassemble désormais 300 salariés et réalise un chiffres d’affaires cumulé de 53 millions d’euros. Par ailleurs, dans le secteur de la sécurité, c’est en étant fabricant qu’on génère la plus grande valeur ajoutée. Or on voit beaucoup de fabricants américains et chinois mais peu de français. »
Vague de rachats
Et l’entrepreneur de passer à l’action. En 2006, il rachète en LBO (Leverage Buy-out) avec le fonds Perfectis Septam qu’il revend en 2009 à la Holding DP Conseils & Participations de Dominique Pinault, déjà actif dans le secteur au travers de la société ETME, spécialisée dans la conception et la fabrication de solutions d’automatisation de fermetures pour le commerce, l’industrie ou le logement collectif et privé. Puis Eric Thord reprend Sorhea en LBO avec UI Gestion en 2012. Sur cette base, il rachète Pritec aux États-Unis, Videowave (analyse vidéo) au Canada, Eurocloture Security (protection électronique des clôtures) en Belgique et Til Technologies (contrôle d’accès et supervision) en France.
Rationalisation technologique
« Après avoir intégré les technologies infrarouges, infrarouges sans fil et câbles sur clôture, nous avons opéré un changement stratégique : développer nos technologies en propre afin de les maîtriser de sorte à nous positionner au minimum sur le marché européen », reprend Eric Thord. Illustration avec Maxibus, un réseau Ethernet industriel à la fois filaire et radio, lancé en 2014. Deux ans plus tard, ce réseau est capable de supporter la vidéo. « Ensuite, nous avons durci nos produits. Nous sommes passés d’une qualité industrielle à une qualité quasi « automobile ». Notre bureau d’études de neuf personnes a travaillé sur la connectique, la programmation, le paramétrage et la fiabilité des produits afin de faciliter le travail de l’intégrateur », confiait sur le salon APS 2019 le PDG de Vitaprotech qui relance de nouveaux produits sur la base de ce socle technologique.
Tripler le chiffre d’affaires en 5 ans
En 2018, UI Gestion cède la place au fonds Euraseo qui prend 60 % des parts de Vitaprotech avec la volonté d’en faire passer le chiffre d’affaires de 30 à 100 millions d’euros en cinq ans. Comment ? « La moitié de la croissance est organique avec +5 % pour le marché du contrôle d’accès et +2 % pour celui de la détection d’intrusion. L’autre moitié est externe. En 2019, nous avons ainsi consolidé le chiffre d’affaires en rachetant ARD et Vauban en France, et TDSI au Royaume-Uni qui a des opérations en Europe et dans la zone Asie-Pacifique, souligne Eric Thord qui fait jouer les synergies de R&D de ses différentes entités. Avec Til Technologies, il y a 25 personnes en R&D, 9 chez ARD, autant chez Sorhea, 5 chez TDSI et 4 chez Vauban. » Soit, au total, 52 personnes !
Nouvelle barrière infrarouge
Et c’est sur APS 2019 que Sorhea a dévoilé sa nouvelle colonne infrarouge autonome dédiée à la protection périmétrique des sites sensible. Baptisé So-Beam, ce modèle est le petit dernier d’une gamme de détection infrarouge créée il y a dix ans. Capable de fonctionner grâce à l’énergie solaire ou à un pack énergie, cette barrière bénéficie d’une durée de vie allant de deux à quatre ans. Premier avantage, ces colonnes sont faciles à installer : exemptes de câblages, elles ne requièrent pas de compétences particulières en génie civil. Ensuite, elles se déclinent en quatre modèles dont la taille varie de 40 cm pour deux cellules à 2,5 m pour cinq cellules, en simple ou en double direction. Des formats suffisamment peu encombrants pour permettre des poses murales et bavolet. Pratique si le site est entouré d’une clôture électrique.
Un balayage sur 80 m
Pour fonctionner, les colonnes disposent de cellules qui émettent jusqu’à 1 000 faisceaux de lumière infrarouge invisible par seconde, avec une portée de 80 m. Un autre type de cellules, cette fois-ci réceptrices, se chargent de la détection et de l’analyse du retour de faisceaux. Dès qu’une coupure survient, signe d’une intrusion suspecte, le système, qui est pourvu d’une portée radio de 300 m, enclenche alors immédiatement une alarme qui prévient le responsable de la sécurité sur son smartphone.
Erick Haehnsen et Ségolène Kahn
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