Moins de 20 % des salariés atteints d’addictions au travail sont soignés.Or 44 % des salariés déclarent comme fréquentes les pratiques addictives au travail. Tandis que 70 % se sentent démunis sur la manière d’aborder le sujet. 60 % des salariés jugent les outils de e-santé utiles pour prévenir les addictions.
A l’occasion de la première édition des Rencontres de l’addictologie, ce 12 novembre à Paris, Gae Conseil dévoile les résultats exclusifs d’un sondage. « Les résultats de cette étude prouvent que les entreprises ont un vrai rôle à jouer en matière de santé publique, indique Alexis Peschard, co-fondateur et président de ce cabinet spécialisé dans la prévention des pratiques addictives en milieux professionnel. Le silence tue plus que les addictions. »
Des pratiques jugées fréquentes en milieu professionnel
Selon ce sondage, que Gae Conseil a réalisé auprès d’un millier de personnes, 44 % des salariés estiment fréquentes les pratiques addictives dans leur milieu professionnel. Par ailleurs, l’âge influence la perception du phénomène. Les salariés âgés de plus de 50 ans estiment les addictions moins fréquentes (37 %) que les moins de 50 ans (46 % des 15-24 ans et des 25-49 ans). Lesquels sont potentiellement les plus exposés. Ce qui engendre une connaissance du sujet plus importante. Enfin, la situation financière des salariés justifie également des écarts de comportement. Ainsi 53 % des collaborateurs déclarant avoir des fins de mois difficiles estiment fréquentes les pratiques addictives au travail. Contre 40 % pour les salariés les plus aisés.
Des salariés démunis pour aborder le sujet
Dans l’hypothèse où ils seraient confrontés à une situation liée à une addiction, 70 % des salariés déclarent ne pas savoir comment aborder le sujet avec le collègue concerné. Cette lacune touche l’ensemble des catégories socio-professionnelles de salariés. Par ailleurs, plus la taille de l’entreprise augmente, plus le manque d’information est prégnant : 75 % dans les entreprises de plus de 1 000 salariés contre 64 % dans les PME de 10 à 249 salariés.
Le recours aux proches plébiscité
Lorsque l’on demande aux actifs vers quel interlocuteur ils se tourneraient en priorité dans le cas où un collaborateur aurait des problèmes liés à une addiction, ils seraient 57 % à solliciter en premier les proches. Ensuite, 52 % s’adresseraient à la médecine du travail, avant le supérieur hiérarchique (44 %) et les représentants du personnel (36 %) et enfin le service prévention, santé et sécurité (34 %).
Que faire face aux pratiques addictives au travail ?
Pour sa part, le ressenti des salariés sur l’efficacité des mesures de prévention et de lutte contre les pratiques addictives au travail se répartit en trois catégories. En premier lieu, on trouve les mesures ciblées qui visent à agir directement auprès de la personne ayant des problèmes d’addiction au travail en lui fournissant des canaux de communication et de confrontation. Ici, l’entretien individuel est jugé efficace par 77 % des sondés. En second lieu, parmi les mesures globales (formation, actions ponctuelles, etc.), 75 % des salariés trouvent efficace la mise en place d’une politique globale de santé, de sécurité et de prévention des addictions. 73 % optent pour l’intervention d’un consultant externe en addictologie et 67 % pour les actions ponctuelles de sensibilisation (journées sécurité et qualité de vie au travail, mois sans tabac, etc.). Viennent enfin les mesures coercitives qui cherchent à encadrer, dépister ou interdire les pratiques addictives. Dans ce contexte, les campagnes de dépistage de stupéfiants (62 %) et d’alcool (60 %) sont jugées les plus efficaces. Suivies de près par l’interdiction de la consommation d’alcool (59 %).
Les outils numériques de santé jugés utiles
En parallèle, 60 % des salariés approuvent un certain nombre d’outils de e-santé pour la prévention des pratiques addictives. A cet égard, les lignes spécialisées d’écoute en addictologie, qui donnent par exemple des conseils pratiques sur la manière d’aborder le sujet avec un collaborateur, ont bonne presse chez 82 % des sondés. De même, les consultations avec un patient-expert sont appréciées par 75 % d’entre eux. Côté outils numériques, 74 % des salariés reconnaissent l’intérêt des tests en ligne pour auto-évaluer les comportements addictifs. Quant à l’annuaire national géolocalisant les services de soins en addictologie, il est également plébiscité par 73 % des salariés. Enfin, 65 % des sondés trouvent pertinente la téléconsultation par visioconférence avec un spécialiste. A l’heure actuelle, moins de 20% des personnes en situation d’addiction accèdent aujourd’hui aux soins spécialisés.
Erick Haehnsen
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