Inutile de se le cacher, nous sommes de plus en plus accros à notre smartphone. Quitte même à sacrifier la sécurité sur la route. Pour dénoncer ce phénomène, l’AFSA vient de publier une étude qui montre que 41% des moins de 35 ans sont tellement dépendants qu’ils ne sont pas capables de s’en passer durant une heure. Même sur l’autoroute...
« Vous direz à ses enfants que vous deviez vraiment répondre à ce SMS », tel est le slogan choc que brandit la Sécurité routière dans sa campagne nationale contre le téléphone au volant. Considérés quasiment comme le prolongement de notre main, ces petits appareils provoquent une distraction visuelle et auditive qui serait responsable de 10% des accidents de la route cette année. Pour tirer la sonnette d’alarme contre ce problème de sécurité publique, l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (Asfa) a publié l’été dernier une étude Harris Interactive dénonçant l’addiction aux smartphone des conducteurs français. Les chiffres en détails.
Téléphone en main sur l’autoroute
Et l’étude, qui a interrogé 1.500 Français, débute sur un constat affligeant : 31% de nos concitoyens et 41% des moins de 35 ans sont déjà tellement accros à leur cellulaire, qu’il ne peuvent pas s’en passer pendant une heure… Et ce, même sur l’autoroute ! Cette addiction force plus de quatre sondés sur dix (41%) à céder à leur téléphone sur l’autoroute, sans toutefois le prendre en main. Plus inquiétant encore, 37% l’utilisent en le tenant. « Un tel degré d’addiction est étonnant (…) Que les gens utilisent leur téléphone, malheureusement, on s’en doutait. Mais qu’ils soient conscients du danger et qu’ils continuent à l’utiliser dans ces proportions, c’est une contradiction spectaculaire », commente Christophe Boutin, directeur général de l’Asfa qui regroupe les 22 concessionnaires et exploitants gérant 9.174 des 12.000 kilomètres d’autoroutes françaises.
Les moins de 35 ans sont les plus touchés
Et le phénomène s’aggrave côté générationnel : le taux de conducteur au téléphone sur l’autoroute atteint des proportions encore plus élevées chez les moins de 35 ans, à savoir 69% sans les mains et 61% avec. « Si les jeunes, qui représentent aujourd’hui que 18% des utilisateurs de l’autoroute, ont ce comportement, cela veut dire que demain la majorité des conducteurs auront ce comportement. C’est très préoccupant », déplore le DG de l’Asfa.
Un facteur d’accident élevé
Paradoxalement, les sondés sont tout à fait conscients de la gravité de leur addiction : invités à classer les facteurs d’accidents sur une échelle de 1 à 10, les automobilistes considèrent le téléphone comme l’un des plus dangereux (8,4), juste derrière l’alcoolémie (8,5) devant la drogue et les médicaments (8,3), la fatigue et la somnolence (8,3) ou la vitesse (7,8). D’ailleurs, les sondés redoutent tellement cette addiction qu’ils estiment pour les trois quarts d’entre eux, que la seule solution pour s’en prémunir reste de la punir plus sévèrement (76%) ou d’instaurer des règles plus strictes (75%). « C’est rare en sécurité routière que des Français demandent des sanctions plus sévères. Généralement, le mouvement est plutôt inverse », insiste Christophe Boutin.
Vers un retrait du permis de conduire
Qu’à cela ne tienne ! Le gouvernement a déjà fait part de son intention de muscler son appareil répressif. Un article de la Loi d’orientation des mobilités (LOM), vient d’être soumis au Parlement pour ôter le permis de conduire aux automobilistes ayant commis une infraction due à l’utilisation du téléphone au volant. Actuellement, quel que soit l’usage que l’on fait du téléphone au volant (en main, avec oreillette, casque ou kit mains libres), est passible d’une amende de 135 euros et d’un retrait de trois points sur le permis de conduire. Pour rappel, selon la Sécurité routière, le simple fait de lire un SMS nécessite de quitter la route des yeux pendant 5 secondes. A 50 km/h, cela représente 70 mètres. Ce qui multiplie par 23 le risque d’accident.
Ségolène Kahn
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