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Sûreté et sécurité

Smart Home et Smart City, à la recherche de l'interopérabilité

Les fabricants de systèmes électroniques multiplient partenariats et alliances industrielles pour construire une compatibilité ascendante : du capteur dans le logement jusqu’à la gestion globale de la cité. Des plateformes cloud d’intégration de services vont leur faciliter la vie. Les ténors américains du numérique veulent se tailler la part du lion.

Après les produits connectés de sa filiale Nest, le cheval de bataille du moteur de recherche le plus utilisé dans le monde déboule dans nos foyers. Baptisée Google Home, cette enceinte intelligente permet de lancer à la voix des recherches sur internet, mais aussi de piloter la lumière, la température, la vidéosurveillance et tout autre objet qui lui est connecté. Un véritable superviseur domestique. Sur le même principe, le géant américain du commerce électronique dégaine son Amazon Echo. Et Apple réplique avec son Homepod. Autant d’objets qui trouveront rapidement leur place dans les logis, compte tenu de l’appétence des consommateurs pour les objets connectés, comme le rapporte un sondage mené en 2017 par OpinionWay auprès de 1 070 Français représentatifs de la population. 58% d’entre eux y indiquent connaître très bien ou plutôt bien les objets connectés en 2017, contre 44% en 2016. Par ailleurs, un Français sur deux possède au moins un objet connecté (hors télévision) contre 35% il y a deux ans. C’est clair, les Gafa veulent se tailler la part du lion dans le marché des objets connectés pour le Smart Home et la Smart City, prévu à 50 milliards d’unités d’ici 2020 dans le monde !

Logement connecté : un rêve vieux de 30 ans

Les sondés y voient plusieurs avantages, à commencer par la capacité de ces objets à nous rassurer en envoyant des alertes en temps réel. Ils surveillent notre logement à distance et enfin nous aident à mieux contrôler nos consommation d’eau et d’énergie. « D’autres facteurs concourent à cette puissante évolution. Notamment, la fibre optique qui arrive dans tous les logements ainsi que les fameuses enceintes connectées qui contribuent à « éduquer » le marché », constate Christophe Clément, artisan installateur spécialiste des objets connectés. A cela s’ajoute la disponibilité d’applications de type IFTTT, du nom d’une start-up américaine dont l’acronyme signifie naïvement « If This Then That » – qu’on peut traduire par « Si ceci, alors, cela ». Ne vous y trompez pas. IFTTT permet très simplement aux applications mobiles de se connecter à différents services afin d’automatiser des tâches. Par exemple, déclencher la machine à café connectée quand l’application Fitbit détecte l’alarme réveil de l’utilisateur. Ce scénario n’est pas sans rappeler les premières applications domotiques imaginées il y a 30 ans. Le mode de fonctionnement reste d’ailleurs inchangé puisqu’il s’appuie sur des protocoles de communication qui font dialoguer les applications et les objets entre eux.

Première arrivée sur le marché français, l'enceinte
Google Home embarque un assistant vocal.
© Google
Première arrivée sur le marché français, l’enceinte
Google Home embarque un assistant vocal.
© Google

Bataille autour des protocoles

La différence avec la domotique, c’est que celle-ci a toujours cherché le Graal d’un protocole de communication universel qui n’a jamais pu s’élaborer et s’imposer. Avec IFTTT, la bataille des protocoles est-elle alors devenue « has been » ? Certes, les fabricants de volets, lampes, radiateurs, caméras, capteurs de mouvements et autres équipements domestiques ont multiplié les alliances industrielles. Hélas, bon nombre d’entre elles se sont soldées par des échecs. Au grand dam des consommateurs et installateurs qui doivent faire face à l’incompatibilité de leurs équipements et à leur obsolescence accélérée.
C’est ce constat qui encourage le développement les assistants intelligents permettant de piloter à la voix la lumière, l’éclairage, ou encore la caméra extérieure. A l’instar de la dernière caméra extérieure de Somfy pilotable via les assistants vocaux d’Amazon Alexa, de Google Assistant, d’Apple HomeKit. L’accessibilité des commandes vocales illustre la nouvelle stratégie de Somfy, qui mise sur l’ouverture de ses produits pour se positionner sur le marché mondial de la maison connectée. Selon Statista, le portail des statistiques, ce secteur pèserait 41 milliards d’euros cette année et devrait s’envoler à 102 milliards d’euros en 2022.
Les acteurs historiques de la domotique comme Bosch, CDVI, Delta Dore, Hager, Legrand, Schneider Electric, Siemens ou encore Somfy doivent désormais compter avec les acteurs de l’IoT [Internet of Things, Internet des objets (IdO)]. Sans oublier les mastodontes américains d’internet (Google, Apple, Amazon, etc) qui veulent rafler la mise. Dans ce contexte, Somfy, dont la plateforme domotique Tahoma est déjà compatible avec plus de 200 gammes de produits et 16 marques partenaires (dont Legrand et Schneider), poursuit son ouverture vers les agents de reconnaissance vocale et les plateformes de services et d’intégration. A commencer par la plateforme IFTTT sur laquelle Somfy propose une quinzaine de scenarii pour automatiser des tâches avec ses caméras de surveillance.

Compatible avec la plupart des agents vocaux,
cette caméra de Somfy intègre une puissante sirène.
© Somfy
Compatible avec la plupart des agents vocaux,
cette caméra de Somfy intègre une puissante sirène.
© Somfy

Le lien entre le logement et la ville

Créée en 2010 et basée outre-Atlantique, la plateforme IFTTT permet de connecter très simplement différents produits et services afin d’enchaîner des instructions de manière automatique. Grâce à ses connecteurs, la plateforme d’IFTTT fait interagir plus de 600 applications et produits dont Cortana, l’assistant vocal de Microsoft qui a noué un partenariat avec des fournisseurs comme Philips Hue, Nest ou encore Samsung. Il suffit de dire à Cortana « c’est l’heure de se coucher » pour qu’il éteigne automatiquement la télévision, les lampes connectées et enclenche la fermeture des volets et des portes. Au total, IFTTT compte 14 millions d’utilisateurs finaux, ainsi que 5 000 développeurs actifs qui ont conçu 600 services publiés et 140 000 applets (en français, chaînes d’instructions). Après avoir trouvé près de 40 millions de dollars pour financer ses développements, la start-up vient de lever 24 millions de dollars cette année auprès d’investisseurs dont IBM, l’éditeur de l’assistant intelligent Watson. Ce qui augure des développements pour les Smart Cities. A cet égard, trois villes situées en Amérique du nord ont anticipé la puissance de feu de cette plateforme. A commencer par Louisville (Kentucky) qui propose à ses habitants de recevoir une notification sur leur vêtement connecté en cas d’alerte urgente. Autre exemple, celui d’Edmonton (Canada) où la couleur de la lampe connectée Philips Hue change en cas d’alerte d’asthme en raison des pollens. Les citoyens inscrits sur IFTTT reçoivent aussi une notification par mail. Dernier exemple, celui de Tampa en Floride qui fait remonter par mail les appels relatifs aux incendies et à la délinquance. Ainsi, lorsqu’une personne de votre rue contacte la police ou les pompiers, vous en êtes automatiquement prévenu par mail au même titre que vos voisins. Demain, on peut imaginer que ce déclenchement changera la couleur de l’éclairage intérieur ou que les volets connectés se fermeront automatiquement en cas de danger avéré.

Eliane Kan et Erick Haehnsen

A Edmonton (Canada), la couleur de la lampe connectée
Philips Hue change en cas d’alerte d’asthme
en raison des pollens. © D.R.
A Edmonton (Canada), la couleur de la lampe connectée
Philips Hue change en cas d’alerte d’asthme
en raison des pollens. © D.R.

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