L’INRS a fait réaliser par le cabinet Essor Consultants une enquête devant lui permettre d’évaluer précisément le niveau d’implantation des enseignements en santé et sécurité dans les écoles d’ingénieurs françaises. L’étude a consisté à croiser les données fournies par les écoles sur le contenu des enseignements dispensés en santé et sécurité avec les informations recueillies auprès des étudiants venant de les quitter. 162 écoles, représentant 85 % des effectifs d’élèves ingénieurs, ont répondu à la première phase. L’enquête auprès des jeunes ingénieurs à permis de recueillir 5 188 réponses.
Un bilan en demi-teinte
Cette enquête montre que les enseignements en santé et sécurité au travail (SST) ne sont que très rarement mis en avant par les écoles, même quand ils existent et qu’ils sont de bonne qualité.
Si 59 % des écoles déclarent que les problématiques de prévention des risques professionnels sont souvent abordées dans leurs enseignements, 66 % des jeunes ingénieurs affirment n’avoir jamais ou rarement abordé ces questions au cours de leur formation.
Les écoles consacrent en moyenne 16 heures à l’enseignement de la SST pour des résultats divers : 51 % des diplômés possèderaient au moins une base de compétences en santé et sécurité au travail et, par conséquent, 49 % de ces futurs cadres n’y ont pas été particulièrement formés.
L’intérêt modéré de certaines équipes pédagogiques
Cette étude a également permis d’identifier des facteurs expliquant le retard de certaines écoles. Un premier obstacle à la généralisation des enseignements en SST tient à la difficulté de dégager des créneaux horaires dans les cursus déjà très chargés des écoles d’ingénieurs. Quand il y enseignement, ce dernier est généralement dispensé dans le programme en tronc commun (56 %) en travaux pratiques (67 %) et lors des stages en entreprise (53 %). Les cours sont généralement assurés par des enseignants internes, mais également par des intervenants extérieurs venant d’entreprises ou d’organismes experts (INRS, Cram, OPPBTP, etc.).
Un autre frein tient au niveau actuel de sensibilisation des équipes pédagogiques. Certaines expriment en effet un « intérêt modéré » pour ce thème qui leur semble éloigné des disciplines traditionnelles qui constituent le cœur de la formation des ingénieurs.
Pour remédier à cet état de fait, des actions de sensibilisation seront donc nécessaires. L’INRS souhaite ainsi mettre en place des enseignements en SST dans les écoles d’ingénieurs. Dans ce cadre, il a notamment créé, en 2005, un module « Bases essentielles en santé et sécurité au travail » (BES&ST), visant à favoriser le développement de ces enseignements dans les écoles françaises.
> Pour consulter l’enquête complète sur le site de l’INRS
16 heures d’enseignement obligatoire sur la SST
Les écoles ne consacreraient, en moyenne, que 16 heures d’enseignement obligatoire sur les questions de SST. Elles ont été réparties en 4 groupes selon leur niveau d’implication (hormis celles préparant directement des diplômes dans ce domaine) :
– Niveau I : « Le thème de la SST ne fait pas partie des enseignements proposés » concerne 16 % des effectifs de diplômés.
– Niveau II : « Nous en sommes au stade d’une sensibilisation à la SST » concerne 33 % des élèves sortants.
– Niveau III : « Nous avons mis en place une première base d’enseignement en SST que nous entendons faire progresser » touche 40 % des effectifs.
– Niveau IV : « La formation opérationnelle des élèves en prévention des risques professionnels est un axe concret de notre maquette pédagogique actuelle » concerne seulement 11 % des effectifs de diplômés.
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