Info.expoprotection.com – Gildas Minvielle, vous êtes responsable de l’observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). Pouvez-vous nous présenter l’IFM, son rôle et les missions de votre observatoire ?
Gildas Minvielle – « L’IFM a été fondé en 1986 par les professions du textile, de l’habillement et de la mode avec le soutien du ministère de l’Industrie. L’institut est, bien sûr, une école et propose tout un cycle de formations dans les métiers de la mode et du textile. Nous avons également un rôle d’expertise et de veille marché pour soutenir l’activité des professionnels du secteur. Dans le cadre de cette expertise, l’observatoire économique réalise des études sur divers segments de nos marchés comme la mode masculine, la mode féminine, les textiles de maison et nous publions tous les mois la Lettre économique de l’IFM. »
Info.expoprotection.com – Justement, à l’occasion du prochain colloque Securivet, vous intervenez dans un débat sur l’environnement économique de l’industrie du textile. Pouvez-vous nous présenter rapidement l’état du marché de la filière en France, en Europe et à l’international ?
Gildas Minvielle – « Ce secteur industriel a connu des années difficiles en 2008 et 2009. La crise des subprimes ne l’a pas épargné et a provoqué un net recul de la consommation des ménages qui a évidemment eu une forte incidence sur le chiffre d’affaires de notre industrie et l’ensemble de la filière. En 2010, nous avons pu noter une certaine amélioration qui semble se confirmer pour l’année 2011, sans que l’on puisse pour autant parler véritablement de reprise. »
Info.expoprotection.com – Est-ce que tous les secteurs de cette industrie ont été touchés par la crise ? Je pense, par exemple, aux textiles techniques…
Gildas Minvielle – « Au même titre que les autres, ces marchés, qui sont parfois considérés comme des marchés de niche ont été frappés par la crise. Dans le cas des textiles techniques, le secteur automobile, par exemple, qui est un gros utilisateur de ce type de textiles a été durement frappé… Mais je voudrais revenir sur d’autres facteurs qui ont joué en défaveur de notre industrie. Il faut insister ainsi sur la hausse importante du prix des matières premières comme le coton depuis l’été 2010. En janvier 2009, la livre de coton en dollars coûtait 58 cents. En décembre 2009, elle atteignait 77 cents. En décembre 2010, son prix s’établissait à 1,69 dollars… A cela s’ajoute la hausse des coûts salariaux en Asie suite à des revendications et des mouvements de grèves en Chine et au Bangladesh. En Chine, cette hausse des salaires s’explique également par un changement de modèle de croissance. Le gouvernement chinois accorde à son marché intérieur une place plus importante et veut favoriser sa croissance. Il a donc dû permettre une hausse du pouvoir d’achat des Chinois afin qu’ils puissent consommer une partie de la production nationale. »
Info.expoprotection.com – Vous nous décrivez une filière qui a connu ces dernières années d’importants bouleversements économiques et structurels. Ces éléments ont évidemment eu des conséquences sur les stratégies des producteurs français…
Gildas Minvielle – « En effet. Prenons à titre d’exemple le sourcing. Les producteurs s’étaient concentrés sur des pays comme la Chine, la Turquie, le Maroc ou la Tunisie. Les changements économiques en Asie ont conduit les producteurs à favoriser le sourcing de proximité. Au Maghreb, par exemple, qui est un marché qui reste favorable aux producteurs européens car les vêtements y sont fabriqués avec des textiles européens. En outre, ils peuvent y faire produire des gammes en plus petites quantités qu’en Chine ce qui leur évite de se retrouver en fin de saison avec d’importants stocks d’invendus qu’ils doivent solder. »
Info.expoprotection.com – Est-ce que cela veut dire que nous assistons ou allons assister à un retour d’une partie de la production vers le Maghreb ?
Gildas Minvielle – « C’est en effet une tendance que j’évoquerai lors de mon intervention à Securivet. Les producteurs européens redécouvrent l’intérêt d’un sourcing de proximité. Tendance qui, soit dit en passant, profite plus à la Turquie qu’au Maghreb… »
Colloque Securivet 2011 | Le lieu de rencontre des producteurs et utilisateurs de vêtements professionnels
– 28 juin – Le point sur la conjoncture
2010 et 2011 sont marquées par une hausse des coûts (prix des matières premières, coûts salariaux). Par ailleurs, le sourcing de proximité peut-il rester compétitif ?
Par Gildas Minvielle, Observatoire économique de l’IFM.
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Colloque Securivet 2011
28-29 juin
6, avenue du Docteur-Brouardel
75007 Paris
Renseignements : contact@securivet.fr
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