Obligatoires pour de nombreux salariés, les chaussures de sécurité ne sont pourtant pas toujours adaptées à leur morphologie. Ce qui peut engendrer des problèmes d'hygiène et de confort pour celui qui les porte. Un enjeu de taille pour les fabricants.
Après quelques semaines passées au soleil, les doigts de pieds en éventail, difficile pour les salariés de se faire à l’idée de rechausser les baskets, sabots et autres chaussures de sécurité. Pour certains, cette appréhension est d’autant plus vive que leurs équipements de protection individuelle (EPI) ne sont pas adaptés à leur morphologie et peuvent même poser des problèmes d’hygiène. A commencer par la transpiration. « C’est d’ailleurs ce dont se plaignent le plus les salariés », constate Muriel Montenvert, pédicure, podologue, posturologue et secrétaire générale de l’Union Française pour la Santé du Pied (UFSP).
Ne pas porter de chaussettes foncées
Cette association créée en 2003 rassemble notamment des podologues, des sociétés savantes et scientifiques, des instituts de formation en pédicurie-podologie, des associations d’étudiants et d’usagers de la santé et des fournisseurs. « La transpiration n’est pas forcément liée aux chaussures de sécurité, mais le port de ces EPI peut l’aggraver », explique la professionnelle de santé. Les principales raisons étant la rigidité des chaussures de sécurité et les compressions dues à l’embout de protection et la présence, à l’intérieur, de contreforts et de mousses de maintien. En réponse à ces contraintes, le pied réagit par une forte activité musculaire. Cet échauffement produit une transpiration exagérée, qui aura d’autant plus de mal à s’évacuer que la chaussure manque d’aération. « Pour éviter que les pieds macèrent et que l’humidité ne provoque l’apparition de mycoses, il est nécessaire de changer de chaussettes tous les jours, de porter des chaussettes plutôt claires car les modèles de couleur foncée gardent la chaleur » recommande ce professionnel de santé.
Enquête nationale sur la santé des pieds
« En cas de transpiration excessive, nous conseillons d’appliquer sur le pied du talc ou des lotions détranspirantes, et de glisser à l’intérieur des chaussures des semelles absorbantes, lavables et interchangeables », recommande la secrétaire générale de l’UFSP. Chaque année, l’association organise une journée nationale de prévention et de dépistage. Depuis 2011, elle publie aussi une enquête nationale sur la santé des pieds en France, menée par l’Observatoire national de la santé du pied qu’elle a créé. Elle permet de répertorier les principales pathologies inhérentes au pied ainsi que les modes d’évolution du comportement des personnes vis-à-vis de la santé de leur pied et de leurs habitudes pour se chausser.
57% des Français ont mal aux pieds
Les chiffres de l’enquête de 2017 révèlent que 57% des Français ont mal aux pieds, contre 68% en 2011. Concernant les pathologies constatées, plus de 30% de la population présente un hallux valgus (NDLR : il s’agit d’une déviation du gros orteil vers l’extérieur du pied). Par ailleurs, près d’un tiers présentent des cors au pied et près de 44% des durillons – des chiffres en augmentation chez les femmes de 20 à 50 ans. Dans le cas des salariés portant des chaussures de sécurité au quotidien, ces pathologies cutanées sont liées au frottement des pieds contre les parois de la chaussure. Pour réduire ce phénomène, Muriel Montenvert recommande d’opter pour une demi-pointure au-dessus de la taille habituelle. Ce qui permet d’y placer des semelles antitranspirantes ou, si nécessaire, des orthèses plantaires. Selon l’enquête de l’Observatoire de la santé du pied, près de 20% des personnes interrogées portent une semelle orthopédique corrigeant la mauvaise posture du pied et permettant de soulager les pieds, mais aussi les appuis comme le dos et les jambes. Outre la rigidité des chaussures, se pose aussi le problème du poids de l’EPI. Or, des lourdeurs au niveau des jambes peuvent empêcher le porteur de bien dérouler le pied et lui font perdre en flexibilité.
Semelle de propreté très galbée
Autant de problèmes sur lesquels travaillent les spécialistes des EPI. A commencer par Singer Safety, qui commercialise depuis mai dernier Astro, une chaussure de sécurité en cuir pleine fleur. Ce modèle montant destiné au secteur du BTP et du gros-œuvre est équipé d’une semelle intérieure anatomique en polyuréthane (PU) préformé. Singer répond ainsi aux besoins de confort et d’hygiène du pied. « La semelle de propreté est très galbée, afin d’éviter les échauffements. Elle est aussi striée sur le dessous de manière à favoriser la circulation de l’air, indique Emeric Potie, directeur commercial . Par ailleurs, nous avons travaillé la languette en mousse EFP de sorte que la pression du lacet soit bien répartie sur l’ensemble du coup de pied pour éviter les sensations d’inconfort. » Quant à la semelle d’usure, elle est en PU double densité avec un renfort au talon pour amortir les chocs lors de la marche. Bien sûr, comme toutes les chaussures de sécurité, Astro est équipée d’un embout et d’une semelle antiperforation. Tous deux étant en composites, pour des questions de légèreté.
Nouvelle basket pour les métiers de l’Indoor
La basket de sécurité Blacklight S1P SRC, du français Lemaitre Sécurité, est destinée aux opérateurs travaillant en milieu Indoor (logistique, transport, second-œuvre, administration, etc). Il s’agit d’un modèle à tige tricotée sans couture. Ce qui préserve les mouvements naturels du pied lors de la marche ou lorsque l’opérateur doit travailler jambes fléchies ou à genou. A noter que, pour éviter les glissades, cette basket est équipée d’une semelle en caoutchouc nitrile dépourvue de remontée latérale. Ce qui évite de contraindre le pied, tout en le laissant respirer.
Recours à des ergonomes
Laisser le pied respirer est aussi une préoccupation du fabricant allemand Uvex. « Nous utilisons des matières très respirantes, telles que des tiges en microfibre qui favorisent l’évacuation de la transpiration, des mousses à cellules ouvertes pour capter la sueur dans les semelles de propreté, ainsi que des doublures en microfibre et Mesh 3D », indique Laurent Rebstock, responsable marketing et chef de produits chaussures chez Uvex. Côté confort, le fabricant travaille sur le profil et la flexibilité de la semelle afin d’assurer le bon déroulé du pied. « Nous travaillons aussi à amortir, lors de la marche, le poids du corps sur l’avant du pied et le talon afin d’éviter les douleurs au niveau des articulations, du genou et du dos ». Avec l’aide d’ergonomes et de chercheurs universitaires, le fabricant a défini un indice de performance ergonomique, « uvex i-gonomics » qui va de 0 à 5 – 5 indiquant la performance la plus élevée. Depuis 2015, cet indice est utilisé sur toutes les familles de produits du fabricant. « Il se base sur la force d’absorption du talon, le poids et le climat (c’est-à-dire la respirabilité de la chaussure) », explique le chef de produit, qui présentera en novembre le modèle Uvex 1 Sport, pour une utilisation intérieure, et dont l’indice est de 4,3.
Poids inférieur à 500 grammes
Pour l’heure, le fabricant focalise son attention sur sa gamme Uvex 2, qui présente un indice de 4,02. Dédiée aux professionnels travaillant à l’extérieur en milieu difficile, elle est proposée avec une tige en cuir pleine fleur ou en microfibre hydrophobe et une semelle antiperforation en composite. Légèreté et confort sont les principaux atouts de cette gamme. Certains modèles comportant une semelle en polyuréthane (PU) et une tige en microfibre présentent un poids inférieur à 500 grammes. Par ailleurs, Uvex 2 est conçue pour réduire les chocs. Au niveau du talon, elle peut absorber jusqu’à 40 joules. Ce qui permet de protéger le dos et les articulations du porteur. Grâce à un partenariat passé avec Vibram, leader mondial des semelles en caoutchouc, certains modèles de la gamme Uvex 2 sont proposés avec une semelle associant du PU et du caoutchouc, une matière qui supporte bien les températures extrêmes (-20°C à + 300°C). Les références qui en sont pourvues offrent une plus grande flexibilité et assurent une protection antiglisse même en conditions extrêmes, alors que le PU a tendance à durcir au froid et à perdre en adhérence.
Eliane Kan
1 commentaire
hure
- il y a 4 annéesuvex 2 s3 rsc c est le top ces chaussures sans métal étanches et d un confort ,,,,,,