Les applications de la réalité virtuelle (RV) ne cessent de gagner du terrain au sein des entreprises. Surfant sur cette vague, la start-up parisienne Middle VR, créée en 2012, se développe sur les créneaux de la conception ergonomique de postes de travail en environnement industriel. Tant pour l’automobile, l’aéronautique et la défense que pour la construction. Elle a créé un outil numérique original, Improov, qui opère un peu comme une messagerie de vidéoconférence. Ingénieurs de conception, ergonomes, préventeurs et utilisateurs… ils peuvent échanger autour de la maquette virtuelle du poste de travail. Les agents de production peuvent ainsi le tester avant qu’il soit construit, afin de prendre en compte en amont les améliorations indispensables à apporter.
La Nasa comme client
Middle VR n’est pas partie d’une feuille blanche. La start-up a négocié en 2015 un accord de licence d’exploitation avec CLARTE – centre de ressources technologiques spécialisé en réalité virtuelle de Laval. Autrement dit, le saint des saints en matière de RV ! L’accord porte sur la valorisation d’ErgoWide3, un logiciel d’aide à la conception et à l’évaluation des postes de production par la réalité virtuelle. Grâce à cette solution, les concepteurs sont en mesure d’anticiper les troubles musculosquelettiques (TMS), détecter les risques et dysfonctionnements, favoriser l’appropriation des postes de travail par les équipes, visualiser et interagir à l’échelle 1:1 avec la maquette numérique. Et, bien sûr, modifier et valider en temps réel cette maquette numérique. Un an plus tard, « nous avons eu la Nasa comme client ! », se réjouit Sébastien Kuntz, président et fondateur de Middle VR.
Des économies substantielles
Une chose est sûre : il est beaucoup moins cher de modifier un poste de travail lors de la phase de conception qu’une fois construit. « Les économies vont de quelques milliers d’euros à des millions d’euros, souligne Sébastien Kuntz. Jaguar-Land Rover a ainsi amorti en cinq semaines un système de VR qui lui a pourtant coûté 4 millions d’euros ! Pour sa part, Renault économise 2 millions par an, en évitant des erreurs de conception. » Selon une étude de 2016 de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), l’impact des erreurs d’ergonomie des postes de travail génère 10 millions de journées de travail perdues par an, soit 45 000 équivalents temps plein. Ajoutons que les TMS représentent 85% des maladies professionnelles, qui coûtent un milliard d’euros à l’Assurance maladie.
La RV dans un sac à dos
La RV collaborative offre également l’avantage d’augmenter le nombre de réunions de revue de projet sans avoir à prendre l’avion ni réserver des chambres d’hôtel. Pour aller plus loin, Middle VR veut démocratiser la RV. « D’ici la fin de l’année, nous allons sortir une version comportant un mannequin virtuel pour prévenir davantage les TMS. Il copie les mouvements d’un opérateur réel afin de les répéter autant de fois qu’on le veut pour parvenir à un équipement mieux conçu, reprend Sébastien Kuntz. Autre avancée : grâce à une nouvelle génération de casques de réalité virtuelle et de capteurs de mouvements, qui reviennent à moins de 3 000 euros, contre plusieurs dizaines de milliers d’euros avec une solutions de murs d’écrans, on peut venir chez le client avec une installation de réalité virtuelle qui tient dans un sac à dos. »
Erick Haehnsen
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