Depuis les attentats du 13 novembre 2015, il est désormais coutume de se soumettre à l’inspection visuelle, voire à une palpation de sécurité, de nos sacs et bagages dans les lieux publics ou lors de spectacles. Or, ces mesures prennent du temps et ne sont pas fiables à 100%. D’où l’intérêt du projet Sacop, un sas de contrôle portatif détectant les armes par l’analyse des ondes millimétriques qui rayonnent sur le corps.
Une innovation spécialisée dans la technologie hyperfréquence, conçue par MC2 Technologies (acronyme de Microwave Characterization Center). Cette spin-off de l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (IEMN) de Villeneuve-d’Ascq (59) a été cofondée en 2004 par Christophe Gaquiere, professeur à l’Université des sciences et technologies de Lille 1, et le docteur Nicolas Vellas, à l’époque doctorant dans son laboratoire.
Caméra corporelle
Basée à Sainghin-en-Mélantois (Nord) où se situe son site de production, MC2 Technologies a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros – contre 2,1 millions l’année précédente.
« Nous comptons 44 collaborateurs dont 60% de docteurs et d’ingénieurs en hyperfréquences », indique Antoine Gryczka, directeur commercial de l’entreprise.
Cette dernière a développé ce sas de contrôle portatif dans le cadre d’un concours organisé par Bpifrance avec le soutien de Safe Cluster, le pôle de compétitivité spécialisé dans les solutions de sécurité et de management des risques.
Innovant, cet équipement repose sur la caméra MM-Imager-90-CKP conçue, développée et commercialisée depuis 2015 par MC2 Technologies. Il s’agit d’un scanner corporel passif, capable de détecter automatiquement et instantanément tout objet caché sur un individu.
Il peut s’agir d’armes mais aussi de drogues, d’explosifs ou de liquides. Ce système visualise les objets dissimulés grâce à une image visible qui le différencie de ses concurrents, car elle préserve l’intimité des personnes.
Analyse quasi instantanée
Six secondes suffisent pour effectuer le contrôle sans contact. Cette caméra s’adresse à la sécurisation des lieux recevant du public, comme les salles de spectacles, piscines, aéroports, etc. Sans oublier les gares et métros où, par exemple, l’Etat chinois a d’ores et déjà installé quelques caméras MM-Imager. D’autres appareils sont aussi déployés en Europe, et notamment en France.
Deux versions du sas portable seront disponibles. La première consistera à intégrer deux caméras corporelles dans un conteneur transportable par camion. Pesant chacune une centaine de kilos, ces caméras sont déplacées sur des roulettes. Plus légère, la seconde version se présentera sous la forme d’un Check Point équipé d’un seul scanner démontable. « Les premiers tests auront lieu en mai prochain », annonce Antoine Gryczka.
Production sur site
Au plan technique, la caméra n’émet pas de rayons X, mais des ondes millimétriques dont le rayonnement est récupéré et analysé en temps réel. Les caméras commercialisées depuis 2015 sont fabriquées sur le site de Sainghin-en-Mélantois. Une partie des composants est confiée à des partenaires, à l’instar de certains circuits électroniques basses fréquences produits par le francilien Ommic, spécialisé dans la production de circuits intégrés. Sur le site de production, les techniciens disposent, entre autres, d’imprimantes 3D métalliques leur conférant réactivité et compétitivité, tout en préservant les secrets de fabrication.
Brouilleurs de drones
L’entreprise y produit ses caméras scanner, mais aussi des brouilleurs de drones qui protègent les sites contre l’irruption de robots volants malveillants en les empêchant de communiquer avec leur pilote. Ce produit de MC2 Technologies utilise des ondes hyperfréquences tirées à partir de son brouilleur, qui a l’apparence d’un fusil. Disponible en version fixe ou mobile, cet équipement est commercialisé depuis 2015 et déployé sur quelques sites sensibles de l’Etat français, sachant qu’à ce jour, les industriels n’ont pas l’autorisation de brouiller les fréquences autour de leur site – sauf dérogation administrative.
Eliane Kan
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