Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Intégrer les EPC dès la conception des espaces de travail

Garde-corps, pont-roulant, traitement acoustique... les équipements de protection collective (EPC) sont indispensables pour limiter les risques d'accident ou de maladie professionnelle. Ils doivent être prévus en amont des projets afin d'améliorer la prévention, tout en limitant les coûts liés à leur mise en œuvre.

Lors d’un projet de construction ou du réaménagement d’un atelier, de bureaux ou de tout autre bâtiment d’activité professionnelle, il est indispensable de prendre en compte les problématiques de santé et de sécurité des salariés. L’enjeu étant de prévenir les risques susceptibles de survenir, en prévoyant notamment l’installation d’équipement de protection collective (EPC) dans les locaux. A l’instar des garde-corps sur les toitures pour éviter les chutes de hauteur, des barrières de protection conçues pour séparer les flux de circulation des piétons et des engins, des traitements acoustiques pour limiter les nuisances sonores sur les plateaux de travail, ou encore des ponts roulants et potences pour manipuler les charges lourdes. « Bien sûr, ces EPC peuvent parfois être installés après que les travaux ont été réalisés, mais l’installation sera plus chère et plus compliquée à réaliser pour une efficacité plus limitée », estime Gilles Mauguen, contrôleur de sécurité à la Carsat Bretagne.

Logiciel d’aide à la conception 3D
Gilles Mauguen a d’ailleurs collaboré avec l’équipe de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) en charge de développer le logiciel Mavimplant. Il s’agit d’un outil d’aide à la conception 3D destiné aux chefs d’entreprise qui veulent créer leur nouveau lieu de travail en tenant compte de leurs besoins métier et des bonnes pratiques de prévention. Téléchargeable gratuitement, ce logiciel est décliné en plusieurs versions. Les premières ont été lancées en 2015 en direction des boulangers-pâtissiers et des garagistes. L’offre s’est ensuite étoffée en 2017 avec une version destinée aux restaurateurs, puis en 2018, pour les entrepôts logistiques. « La prochaine qui est en cours de finalisation s’adressera aux hôteliers », indique Jacques Marsot, responsable de laboratoire au sein du département « Ingénierie des Equipements de Travail » de l’INRS. A l’origine, il s’agissait de proposer un outil aux dirigeants de TPE afin qu’ils puissent exprimer leurs besoins métier dans la perspective d’un réaménagement ou de la construction d’un local de travail. « Pour faciliter sa prise en main, nous nous sommes inspirés des logiciels utilisés par le grand public, par exemple ceux pour l’aménagement de cuisines », poursuit Jacques Marsot.

Une bible pour la conception des lieux de travail
Le contenu de Mavimplant s’appuie sur la brochure ED 950 de l’INRS. Véritable bible pour la conception des lieux et des situations de travail, elle détaille les divers points techniques, fournit des démarches et méthodes à adopter, et rappelle les contraintes réglementaires à respecter. Ainsi l’utilisateur du logiciel est-il informé des règles à suivre en matière de prévention dès les premières phases de conception du bâtiment. Qu’il s’agisse, par exemple, de la qualité des sols devant allier les bonnes caractéristiques d’adhérence et de nettoyabilité, de l’éclairage qui doit être suffisant pour éviter les risques de chutes ou la fatigue oculaire, de la protection acoustique à poser au plafond afin de réduire les nuisances sonores, etc. Pour personnaliser l’outil générique en fonction des besoins métier, l’équipe en charge de Mavimplant rassemble différents acteurs de la profession concernée. Tels que les représentants des organisations professionnelles, des entreprises utilisatrices, et des préventeurs. L’idée étant de lister toutes les activités exercées par les professionnels afin d’y affecter les moyens de production nécessaires ainsi que les bonnes pratiques métier et de prévention.

Des fonctionnalités avancées
Après avoir dessiné son local, il suffit au chef d’entreprise de sélectionner dans un menu déroulant les équipements associés à sa production et de les positionner à l’endroit voulu. Le logiciel affiche alors des messages de recommandation, par exemple prévoir des garde-corps sur la toiture, pour éviter les risques de chute. S’il s’agit d’une entreprise dans le secteur de la restauration, le message lui recommandera d’installer au-dessus de son piano de cuisson une hotte afin d’évacuer vapeurs et fumées. Une fois les équipements recommandés positionnés, le logiciel va calculer le périmètre nécessaire pour que le salarié accède facilement à son poste de travail sans être gêné ni par une activité voisine ni par la circulation de flux de piétons ou d’engins. A tout moment de la phase de conception, le dirigeant peut partager sa maquette 3D à distance, par exemple avec l’architecte en charge de la construction du local. Sachant que ce dernier a besoin d’un cahier des charges fonctionnel pour créer le bâtiment. L’entreprise a aussi également intérêt à partager la conception des postes de travail avec ses salariés de sorte à recevoir leur avis et conseils, et faciliter ainsi l’adhésion au changement.

Eliane Kan

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