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Santé et qualité de vie au travail

Le travail de nuit, responsable du cancer du sein ?

L’Inserm vient d’apporter un nouvel éclairage sur le travail de nuit et ses conséquences sur l’augmentation du risque de cancer du sein. Pour arriver à ces conclusions, l’institut a rassemblé cinq études majeures sur le sujet dans une gigantesque base de données, qui comprend les témoignages de plus de 13 000 femmes.

Travailler au moins deux nuits par semaine durant dix ans suffirait à faire augmenter de 26% le risque de contracter un cancer du sein. Une situation particulièrement inquiétante pour les aides-soignantes, infirmières et autres employées du secteur de la santé, qui cumulent postures pénibles, port de charges lourdes, surcharge de travail et horaires de nuit… Ayant réussi à prouver la corrélation entre cancer du sein et travail de nuit, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) tire la sonnette d’alarme.

Un travail inédit
Depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a conclu, en 2007, à un risque cancérogène probable du travail de nuit, jamais aucun chercheur n’a réussi à clairement identifier le lien entre cette pathologie et le travail nocturne. La plupart des études épidémiologiques réalisées à ce sujet présentent, en effet, des résultats non concordants. C’est précisément pour cette raison que l’Inserm a choisi d’apporter son propre éclairage. Dans cette optique, l’institut a sélectionné cinq études internationales majeures sur le cancer du sein présentant un volet sur les horaires de travail des femmes. Menées en Australie, au Canada, en Allemagne, en Espagne et en France, ces études ont interrogé 6 093 patientes atteintes d’un cancer du sein et 6 933 femmes témoins en bonne santé de même âge. C’est donc en corroborant les informations recueillies dans ces cinq études que les chercheurs ont pu définir l’impact de l’exposition au travail de nuit.

26% de risque avant la ménopause
Rassemblées et traitées dans une grande base de données, ces informations montrent que le travail de nuit (soit au moins trois heures entre minuit et cinq heures du matin) est susceptible d’augmenter le risque de cancer du sein de 26%. En particulier pour les femmes non ménopausées ayant consacré au moins deux nuits par semaine à leur travail durant dix ans.

Perturbation de l’horloge biologique
Les chercheurs dénoncent les perturbations du rythme circadien engendrées par le travail de nuit. Plus communément appelé horloge biologique, cet équilibre fragile maintient de nombreuses fonctions biologiques telles que l’alternance entre la veille et le sommeil. Inutile de dire que cet équilibre est soumis à rude épreuve lorsque sont imposés des horaires de nuit ou décalés…

Le système immunitaire en roue libre
Parmi les conséquences de ce dérèglement responsables du cancer du sein, les chercheurs pointent du doigt l’exposition à la lumière artificielle durant la nuit qui annule le pic de mélatonine, une substance que le corps produit naturellement la nuit et qui présente des effets anticancérigènes. De même, les gènes chargés de faire tourner l’horloge biologique s’en trouvent perturbés. Or, ces derniers contrôlent également la prolifération cellulaire… Enfin, les troubles du sommeil ont également des conséquences dévastatrices sur le système immunitaire.

Ségolène Kahn

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