Technologie éprouvée, fiable et compétitive, l’infrarouge actif remporte la préférence en protection périmétrique. En tout cas tant qu’on en définit précisément les objectifs d’exploitation et qu’on observe quelques fondamentaux.
Quelques bonnes pratiques d’installation
1. Définir les objectifs d’exploitation du dispositif : est-il employé seul ou en association avec une levée de doute vidéo, un système de contrôle d’accès ?
2. Éliminer tous les facteurs d’alarmes intempestives. Si aucune enceinte physique n’existe, une simple clôture anti-vagabondage permet, par exemple, d’éliminer le passage des animaux.
3. S’assurer que le terrain ne gêne pas le passage des faisceaux. Le cas échéant, et dans la mesure du possible, creux et bosses sont à éliminer.
4. Evaluer les conditions climatiques du lieu d’implantation : pour fonctionner, une colonne infrarouge a besoin d’énergie, mais aussi de chaleur, surtout en conditions de basse température. En conséquence, vérifier que l’équipement est capable de fournir suffisamment de puissance pour alimenter les colonnes en chauffage.
Maîtriser la sécurité aux abords d’un site relève d’une problématique complexe. De nombreuses contraintes y sont associées, liées aussi bien à la nature des moyens de détection qu’aux conditions climatiques et à la conformation du terrain. La protection extérieure étant exposée à des contraintes spécifiques, il est donc nécessaire de disposer d’une technologie de détection d’intrusion particulièrement performante. Dans ce contexte, l’infrarouge actif présente plusieurs intérêts : adaptabilité, souplesse de mise en œuvre, qualité de détection, évolutivité… Néanmoins, lorsqu’il s’agit de couvrir des périmètres importants, quels bénéfices peut-on réellement tirer de l’infrarouge ? Dans la mesure où la qualité de la détection est conditionnée par la portée du signal, par quoi cette technologie est-elle limitée ? Que représente l’installation d’une barrière infrarouge ? Quand bien même l’infrarouge se révèle une solution satisfaisante dans bien des cas, force est de constater que la protection extérieure… ça ne s’improvise pas. C’est la raison pour laquelle les fabricants de solutions de protection périmétrique électronique ont chacun développé leurs stratégies pour renforcer l’efficacité de la détection infrarouge, tout en fournissant les moyens d’une exploitation plus simple.
Un marché dont il reste à faire le tour
Encore peu développé, le marché de la protection périmétrique électronique investit pourtant un nombre croissant de domaines : sites industriels, infrastructures sensibles, parcs automobiles, parcs photovoltaïque… jusqu’au résidentiel, dans une moindre mesure. On observe une croissance générale de ce type d’équipements dans tous les pays d’Europe, bien que le taux d’équipement reste encore très faible. Les fabricants sont peu nombreux, mais la diversité des solutions proposées témoigne d’un engouement pour la détection précoce. « Un système de protection périmétrique a en effet pour vocation de proposer une solution dissuasive avant toute effraction d’un bâtiment, rappelle Yves Monneret (Sorhea). C’est une dimension importante qui donne de la valeur aux installations de protection périmétrique en dehors de leur emploi dans la protection de stocks de valeurs à ciel ouvert. C’est une solution en phase avec les préconisations de la règle Apsad R81 (laquelle recommande la mise en place d’une détection sur le périmètre et le pourtour d’un bâtiment, en amont d’un système de détection intérieur). La protection périmétrique commence donc à rentrer dans les usages, même s’il s’agit encore d’un marché de niche. »
Une technologie qui a fait ses preuves
L’infrarouge actif semble aujourd’hui la technologie de détection la plus plébiscitée en protection périmétrique. « C’est une technologie qui a fait ses preuves et qui remplace l’hyperfréquence dans 90% des cas », précise Yves Monneret. En effet, beaucoup d’entreprises possédant des stocks à ciel ouvert perçoivent la barrière infrarouge comme une solution simple, souple et efficace de protection contre les intrusions. « Une barrière infrarouge ne demande pas beaucoup d’espace lorsqu’elle est installée à proximité d’une enceinte physique existante, ajoute Jésus Jimenez (Prodatec). Il est par exemple possible de placer une barrière infrarouge à 50 cm du grillage, le couloir de protection obtenu faisant, disons, 20 cm de largeur maximum. Une barrière hyperfréquence va se révéler beaucoup plus contraignante dans sa mise en œuvre : il faudra sacrifier une distance bien plus grande, de l’ordre de plusieurs mètres, entre le dispositif et l’enceinte physique. On imagine la surface perdue et l’accroissement du périmètre. C’est une des raisons pour lesquelles la demande s’oriente souvent vers une solution basée sur la technologie infrarouge. Parce qu’elle permet de gagner de la surface. De plus, l’efficacité de l’infrarouge n’est pas altérée par la végétation avoisinante. » À la fois équipement visible et obstacle immatériel, une barrière infrarouge possède à la fois un pouvoir de dissuasion et de détection. Ludovic Grimaldi (Optex) le confirme : « le caractère dissuasif de la colonne infrarouge est un critère à prendre en compte. La présence de colonnes de 2, 2,5 ou 3 mètres de hauteur a un caractère dissuasif a priori. » Ajoutons qu’une colonne infrarouge ne permet pas à un intrus de déterminer la position des cellules ni le nombre des faisceaux constituant la barrière.
Raisonner en nombre de faisceaux
Le choix d’un dispositif de protection périmétrique est bien entendu conditionné par le niveau de sécurité souhaité. En infrarouge, cette problématique est exprimée en nombre de faisceaux. Combien en faut-il pour bénéficier d’une protection satisfaisante ? A quelle hauteur doit-on les disposer ? Quel est l’espace minimum requis entre deux cellules ? « Le nombre et le placement des faisceaux infrarouge reste une problématique récurrente, confie Ludovic Grimaldi. Il reste que la majorité de nos ventes est constituée de colonnes d’une hauteur de 2 m et équipées de 8 faisceaux en moyenne. C’est selon nous un minimum pour offrir un niveau de sécurité satisfaisant. Bien sûr, il est toujours possible de monter des colonnes beaucoup plus hautes et équipées de dizaines de faisceaux. Tout dépend aussi du budget consacré. »
« Considérant qu’un individu qui rampe ne devrait pas passer sans déclencher d’alarme, nous estimons que l’espace inter-faisceaux devrait être inférieur à 25 cm, précise Bernard Taillade (Hymatom). Mais l’espace entre faisceaux est souvent de l’ordre de 50 ou 80 cm. Tout est question de besoin de sécurité, de qualification du risque. Si les exigences ne sont pas très élevées, il est cohérent de limiter le nombre de faisceaux pour ne détecter que les franchissements d’une personne debout. » Equipement modulable, évolutif, une barrière infrarouge constitue manifestement une solution de choix en matière de protection. Mais doit-on pour autant s’en contenter ? Si une barrière infrarouge fournit une réponse satisfaisante à des besoins de sécurité courants, il est toutefois conseillé de l’associer à un dispositif de levée de doute.
Ludovic Grimaldi : « L’infrarouge seul peut suffire dans un certain nombre de situations, mais la solution idéale consiste à asservir l’installation à un système de vidéosurveillance. Étant donné que de nombreux éléments intempestifs sont susceptibles de déclencher une alarme, quel que soit le produit, il est beaucoup plus confortable et efficace de disposer d’une levée de doute vidéo. »
100 m… et au-delà ?
L’efficacité d’une solution de protection périmétrique infrarouge est intrinsèquement liée à sa portée de détection. Autrement dit, à la distance maximale sur laquelle la détection reste efficace, quelles que soient les conditions. Il s’agit donc de trouver un compromis performant rentable entre l’étendue du périmètre et le nombre de colonnes qui y sont implantées.
La plupart des solutions de protection périmétrique infrarouge disponibles actuellement sur le marché annoncent des portées comprises entre 20 m et 200 m. Mais que représentent ces indications sur le terrain ? Quelle est la réalité des contraintes couramment associées à la détection infrarouge en extérieur ?
La portée d’une cellule infrarouge étant fonction de la distance de visibilité, les conditions climatiques jouent en effet un rôle dans l’efficacité de la détection. Le brouillard est aujourd’hui considéré comme l’élément perturbateur n°1, les perturbations causées par le rayonnement solaire ayant été résolues par la majorité des équipements, comme l’indique Jésus Jimenez : « Autrefois, le soleil était considéré comme un élément perturbateur. Lorsque le rayonnement solaire tape dans l’axe de la colonne réceptrice, les cellules peuvent en effet être perturbées. Sur nos produits, les cellules sont codées et filtrent les infrarouge en provenance du soleil. » Reste le brouillard… « Nous ne voyons pas bien l’intérêt d’annoncer des portées de 200 m alors que sur le terrain, une telle distance pose un véritable problème de fonctionnement, remarque Jésus Jimenez. La valeur maximale que nous donnons à titre indicatif permet de limiter les effets du brouillard. Il faut bien comprendre qu’au-delà de 150 m, la moindre brume rend le dispositif inefficace et devient source de fausses alarmes. »
Lors de l’installation d’une barrière infrarouge, il est donc nécessaire de tenir compte de ce facteur encore problématique. « L’infrarouge est un système optique qui offre des performances équivalentes quelle que soit la distance, dans de bonnes conditions de visibilité, résume Bernard Taillade. Dans le cas contraire (brouillard, pluie, neige), il existe des risques d’opacification. En conséquence, les portées de détection et de visualisation dépendent des conditions climatiques d’un endroit donné. Selon la région et ses particularités météorologiques, il est donc conseillé d’adapter la portée des équipements infrarouge : si on estime que les conditions seront de 30 ou 40 m de visibilité, la détection infrarouge sera possible jusqu’à 3 fois cette visibilité (120 m) avec certains systèmes. Mais, dans tous les cas, la levée de doute vidéo sera limitée à la visibilité météo. Précisons toutefois qu’au-delà de sa limite de détection, une barrière infrarouge étant un système actif, elle est capable de détecter et d’alerter en cas d’anomalies de fonctionnement provoquées par un facteur opacifiant comme le brouillard. »
Tout compte fait, le brouillard n’est pas un problème en tant que tel, à partir du moment où un équipement de détection infrarouge est utilisé dans des conditions réalistes. Selon Yves Monneret : « Il faut balayer une idée reçue concernant l’effet du brouillard sur les performances de détection infrarouge : si un équipement de qualité est employé dans les conditions requises, c’est-à-dire jusqu’à une distance maximum de 100 m, un brouillard, même dense, ne constituera pas un problème. C’est pourtant ce qui est couramment admis, mais après plus de 20 ans d’expérience et plus de 5 000km d’installations cumulées, nous pouvons affirmer que cette idée est fausse ou, du moins, plus constatée de nos jours. »
Protection extérieure : bientôt des normes ?
Contrairement à la protection intérieure, aucune norme relative à la protection extérieure, physique comme électronique, n’est actuellement définie. Ce vide réglementaire sera comblé d’ici quelques années, comme l’indique la création de deux commissions européennes de normalisation, mises en place il y a environ 1 an. Le premier groupe,
Creux, bosses et virages
De façon évidente, plus un terrain est régulier, plus l’installation d’un dispositif de détection infrarouge est facilitée. Dans le cas contraire, il est souvent nécessaire d’agir sur le relief du site et/ou d’adopter des solutions de compromis.
Yves Monneret : « Il est vrai que dans le cas de périmétries complexes, comportant des bosses, des creux et des virages, la mise en place d’une barrière infrarouge se révèle plus délicate. Pour des raisons évidentes de coût, il est souhaitable qu’une barrière infrarouge comporte le moins de segments possible et que ces segments soient le plus espacés possible. Par exemple, un système basé sur les colonnes Maxiris ne se révèle rentable qu’à partir du moment où la distance entre deux colonnes atteint au moins 50 m. Cela dit, nous disposons de solutions intermédiaires pour pallier à la complexité du terrain. Le système Kapiris (bitechnologie infrarouge passif + Doppler) permet de couvrir des zones où une barrière infrarouge n’est pas préconisée. Ce système restant compatible avec nos autres produits, il nous permet de fournir des réponses mixtes et adaptées à toutes les configurations de terrain. »
La nature du périmètre à protéger influence donc le choix des équipements, le nombre des colonnes et la longueur moyenne des faisceaux infrarouge : « Il est très rare de bénéficier d’un terrain parfaitement plat sur plusieurs centaines de mètres, note Ludovic Grimaldi. Il n’y a guère que les aéroports pour fournir de telles conditions. Si bien que la distance moyenne constatée entre deux colonnes est plutôt située entre 40 et 70 m. Notons que, quelle que soit la conformation du terrain, l’installation de barrières infrarouges est assujettie à des contraintes de pose assez draconiennes. Le premier inconvénient réside dans la nécessité de réaliser des travaux de tranchées. Sur un site étendu, la contrainte devient vite importante, dès lors qu’il s’agit de creuser sur des kilomètres pour y enterrer des câbles. »
Yves Monneret précise qu’« en dehors de l’équipement lui-même, un dispositif de protection périmétrique engendre des coûts de génie civil très importants. Les travaux à effectuer peuvent facilement multiplier par 2 ou 3 le coût du matériel. » Pour contourner cette contrainte, ces deux fabricants ont développé des alternatives permettant de s’affranchir d’une logique câblée, en misant sur la transmission radio et l’alimentation autonome : la colonne Radioplex (Optex) est alimentée par bloc lithium, tandis que les informations d’alarme sont transmises via un émetteur radio. La colonne Solaris (Sorhea) est alimentée par panneau solaire et dotée d’un système de transmission radio. Ainsi équipée, la colonne Solaris se révèle autonome en consommation énergétique, grâce aux efforts déployés par Sorhea pour réduire la consommation électrique de ses produits.
> Pour en savoir plus
> La protection périmétrique infrarouge longue distance (Part. II) : quelques solutions
> Le point de vue d’un intégrateur – Julien Lamotte (Ineo Infracom)
> Patrick Gabriel (Nestlé) : « En matière de portée de détection périmétrique IR, il convient de rester en deçà des recommandations constructeurs »
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