Jacques Bichot, économiste, professeur émérite à l’université Lyon III, a réalisé pour l’Institut pour la justice * une étude exhaustive du coût du crime et de la délinquance en France, d’octobre 2010 à septembre 2011.
En prenant en compte les coûts des conséquences de la criminalité (préjudice matériel, physique et psychologique des victimes), les coûts visant à l’anticiper (assurances et frais de protection privée) ainsi que les coûts publics liés à la lutte contre la délinquance (police, gendarmerie et justice), Jacques Bichot aboutit à un coût total pour la société de 150 milliards d’euros annuels ce qui représente 7,5 % du PIB.
Cette évaluation s’appuie sur la même démarche méthodologique que celle adoptée par les gouvernements britanniques et canadiens, qui ont chacun publié un rapport officiel sur cette question, avec des résultats comparables à ceux de Jacques Bichot.
L’Institut pour la Justice, avec cette étude, souhaite alerter les candidats à la présidentielle sur la nécessaire augmentation des dépenses publiques liées à la lutte contre la criminalité. C’est tout particulièrement le cas du budget de la Justice pénale, qui représente 5 milliards d’euros seulement alors que le coût économique et social du noyau dur de la criminalité (violences, crime organisé, vols, vandalisme et escroqueries) s’élève à près 80 milliards d’euros chaque année (78,3 milliards d’euros exactement).
Pour l’Institut pour la Justice, cette étude confirme en particulier la nécessité du programme de construction de prison voté récemment par l’Assemblée nationale. D’après des études statistiques convergentes, 30 000 places de prison supplémentaires permettraient de faire reculer la criminalité de 15 %, soit une économie pour la société de 12 milliards d’euros** pour une dépense publique annuelle d’environ 1 milliard d’euros.
Coûts de vols : 7 652 millions d’euros dont :
– vols violents : 790 millions, dont 347 pour les traumatismes des victimes.
– vols liés aux véhicules à moteur : 1 151 millions, dont 626 pour le matériel.
– cambriolages : 2 141 millions, dont 1 373 pour le butin.
– vol à l’étalage et démarque inconnue : 2 810 millions, dont 2 300 pour le butin.
– vols à la tire, avec entrée par ruse, autres vols simples : 771 millions dont 400 pour le butin.
Coût du vandalisme : 5 214 millions d’euros dont :
– incendies volontaires : 2 861 millions, dont 1 353 pour lutter contre le feu.
– attentats à l’explosif : 33 millions, dont 20 pour les dégâts.
– destruction et dégradation de véhicules privés : 366 millions, dont 190 pour les dégâts matériels.
– autres destructions et dégradations : 1 890 millions, dont 716 millions pour les dégâts.
– atteintes à l’environnement : 64 millions, dont 34 millions de dégâts.
Frais de protection privés
A noter que, selon le rapport de Jacques Bichot, les frais de protection contre la délinquance et la criminalité engagés par les ménages pourraient ainsi atteindre, en 2010, environ 3,33 milliards d’euros, et ceux engagés par les entreprises et autres organisations (pour se protéger, elles et leur personnel, non pour protéger la population en général), environ 6,67 milliards d’euros. Soit 10 milliards au total.
* L’Institut pour la justice est une association loi 1901, qui fédère des centaines de milliers de citoyens ; c’est aussi un think tank qui regroupe des juristes, des praticiens du droit et des criminologues. Son objectif est de promouvoir une justice plus protectrice pour les citoyens et plus équitable vis-à-vis des victimes. Son indépendance est garantie par son refus de toute subvention publique ou privée, ses actions étant financées par ses 45 000 membres donateurs. Crée en 2007, l’Institut pour la justice s’est fait connaître du grand public par son Pacte 2012, signé par 1 740 000 internautes.
** 15 % (de réduction de la criminalité) x 78,3 milliards (coût privé du noyau dur de la criminalité).
Jacques Bichot, économiste, professeur émérite à l’université Lyon III, a réalisé pour l’Institut pour la justice une étude exhaustive du coût du crime et de la délinquance en France, d’octobre 2010 à septembre 2011.
Commentez