Désormais, les navires sont dans le collimateur de la réglementation contre l’amiante. Depuis l’été dernier, les bâtiments arborant le pavillon français et soumis à des travaux de maintenance ou de réparation doivent faire l’objet d’opération de détection de l’amiante et, si nécessaire, de désamiantage. Face à cette nouvelle réglementation, de nombreux spécialistes du diagnostic de l’amiante se mobilisent afin de répondre aux nouveaux besoins du marché. Pour certaines entreprises telles que FMDC, SGS et DI Environnement, l’objectif est de développer des outils de repérage et de désamiantage. Du côté de l’Hôpital d’instruction des Armées, il s’agit également de mener une étude capable d’évaluer l’ampleur des dégâts sur les marins exposés.
Les navires passés au crible
La réglementation antérieure, datant de 1998, ne se concentrait que sur certains aspects, à savoir les calorifugeages, flocages et faux-plafonds. Or, depuis juillet, rien ne doit être laissé au hasard : arbre d’hélice, salle des machines, équipements électriques, vannes, tuyauteries, citernes, économiseurs de gaz d’échappement, échangeurs de chaleur… du sol au plafond, la totalité du navire doit être passée au peigne fin.
Les spécialistes de l’amiante se fédèrent
En cas de dépassement des seuils en vigueur, tout navire dispose d’un délai de 12 mois pour réagir. Mais, pas facile de trouver à qui s’adresser. Pour aider les flottes à appréhender ces nouveaux protocoles, trois entreprises spécialistes de l’amiante se sont rassemblées en un groupement capable de gérer de bout en bout des opérations de désamiantage.
Simplifier les processus
Le trio se répartit les tâches, à commencer par FMDC qui se charge du repérage d’amiante et des prélèvements d’air afin de mesurer le taux d’empoussièrement à bord. Et ce grâce aux documents remis par l’armateur. C’est ensuite au tour de SGS qui, en cas de résultat positif, analyse les matériaux et l’air prélevés. Le but étant d’aider l’armateur à constituer son dossier technique amiante (DTA). Quant aux travaux de désamiantage, ils sont conduits par DI environnement.
Les militaires vont bénéficier d’un traitement spécial
Tous les bâtiments ne sont pas logés à la même enseigne. Certains faisant même l’objet d’une dispense. En particulier les frégates de la Marine nationale… Une lacune qui inquiète face au sort réservé aux militaires exposés à cette dangereuse fibre rocheuse. L’Hôpital d’instruction des Armées (HIA) a donc décidé de réagir. A l’occasion de la 26e Journée de médecine d’Armée de l’ouest, l’organisme a annoncé avoir entamé une étude baptisée « Cohorte amiante médicale » (CAM), qui va sonder 300 militaires ou retraités au premier trimestre 2019, pour mieux déterminer le taux d’exposition auquel ils ont été soumis.
Une étude d’envergure
Avec l’aide du Centre d’investigation clinique de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du Centre hospitalier universitaire de Brest, les attachés de recherche clinique de l’HIA ont pour mission de cerner quelles professions de la marine ont été le plus exposées. Une opération délicate quand on sait que les pathologies liées à l’amiante se déclarent au bout de vingt ou trente ans. Parmi les critères sur lesquels se baseront les chercheurs, le temps d’embarquement, le type de navire et d’emploi figureront en première ligne. Concrètement, l’étude a pour objet de fournir une matrice emploi-exposition qui permettrait d’évaluer le degré d’exposition et d’ajuster la réponse médicale en conséquence.
Un focus sur les militaires à la retraite
Tous les retraités de la Marine nationale partis il y a moins de dix ans vont recevoir un courrier les prévenant qu’ils ont accès à un scanner de dépistage 20 ans ou 30 ans après le début de l’exposition à l’amiante. Seule condition : avoir navigué pendant au moins un an. Quant aux militaires toujours en service, ces derniers pourront faire l’objet de consultations de médecine des forces armées ou consultations spécialisées en centre de ressource de pathologie professionnelle, notamment en pneumologie. En outre, ces personnes auront droit à un scanner tous les cinq ans ainsi qu’à quatre visites médicales. A quand ces procédures pour les travailleurs de la marine marchande ?
Ségolène Kahn
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