20 % des femmes déclarent avoir été victime de harcèlement sexuel au travail, c'est ce que révèle une enquête réalisée par l'autorité constitutionnelle indépendante Le Défenseur des droits.
Gestes et propos à connotation sexuelle, blagues à caractère sexuel, chantage sexuel, envoi de message à caractère pornographique… telles sont les manifestations du harcèlement sexuel au travail les plus souvent rapportées apr les victimes. « Il existe deux types de harcèlement sexuel : le fait d’imposer, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à la dignité ; et le fait, même non répété, d’user de pressions graves dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle », affirme dans son rapport Le Défenseur des droits.
« Souvent, cela commence par des plaisanteries ou des allusions, explique Patrick Bertoncelli, président fondateur de l’association AVHT, Association des victimes de harcèlement au travail. Il est parfois difficile pour une victime de se rendre compte qu’elle a affaire à du harcèlement parce que le comportement du harceleur est ambigu. » Ces actes de harcèlement sont généralement commis par un collègue (41%), par l’employeur (22 %), le supérieur hiérarchique (18 %) ou le client (9%). Les employeurs restent faiblement mobilisés sur la question : seuls 18 % d’entre eux ont mis en place des actions visant à prévenir ces agissements. Pourtant, la loi du 6 août 2012 aggrave les peines maximales encourues et réprime les discriminations commises à l’encontre des victimes. Le harcèlement sexuel et les faits assimilés sont passibles de peines allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.
Réagir rapidement. « Il faut tout de suite recadrer un comportement ambigu. Ne pas rire aux plaisanteries grivoises, ne pas accepter certains gestes comme une caresse sur l’épaule, conseille Patrick Bertoncelli. C’est une façon d’affirmer dès le départ que l’on n’est pas consentant. A partir du moment où un homme fait des remarques à une femme sur ses rondeurs ou sa façon de s’habiller, il sort du cadre professionnel et ce n’est pas normal. »
Seuls 3 cas de harcèlement sur 10 sont rapportés à la direction ou à l’employeur. Et près de 30 % des victimes n’en parlent à personne. Dans 40 % des cas, la résolution du problème se fait au détriment de la plaignante, avec des conséquences directes sur son emploi (non renouvellement de contrat, blocage dans la carrière). D’après l’enquête, seules 5 % des victimes portent plainte. « Il ne faut pas hésiter à en référer au dirigeant de l’entreprise, au médecin du travail, à l’inspection du travail ou aux syndicats, conclut le président de l’association AVHT. Les associations sont aussi là pour écouter, conseiller et aider les victimes de harcèlement sexuel. »
Caroline Albenois
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